Innovation : la France se contente d’être un suiveur

Les performances françaises ont fortement progressé jusqu’en 2010, avant de ralentir, puis de reculer en 2013, d’après le tableau de bord « Union de l’innovation 2014 ». La Suède domine ce classement qui témoigne des fortes disparités entre États membres.

Malgré une politique affichée de soutien à l’innovation (lire Attractivité de la France : l’opération séduction de François Hollande), la France dépasse de peu la moyenne de l’UE en la matière, d’après le tableau de bord « Union de l’innovation 2014 » de la Commission européenne. Entre États membres, les écarts de performance demeurent très importants.

Avec Chypre, l’Estonie et la Slovénie

Les performances françaises en matière d’innovation ont fortement progressé jusqu’en 2010 (attractivité des systèmes de recherche, investissements, aides et financements…). Par la suite, la croissance a ralenti, avant de décliner en 2013. « La plus faible présence d’entreprises à forte croissance dans des secteurs innovants » explique en partie ce recul, d’après Bruxelles.

Ainsi, la France se positionne parmi les « suiveurs de l’innovation » aux côtés de Chypre, l’Estonie et la Slovénie, qui ont des résultats proches de la moyenne. Mais aussi de l’Autriche, l’Irlande, le Royaume-Uni, la Belgique, les Pays-Bas et le Luxembourg, qui ont des résultats supérieurs.

La France a des atouts. Ses forces résident dans les co-publications scientifiques internationales, la présence active de doctorants non-européens et la formation « tertiaire » d’une grande partie de sa population. Ses faiblesses se concentrent sur les dépenses d’innovation hors R&D et les exportations de services axés sur le savoir. Malgré tout, la France enregistre une croissance dans la plupart des domaines étudiés, dont les marques communautaires (les marques commerciales enregistrées de façon uniforme sur tout le territoire de l’UE).

La Suède, le Danemark et l’Allemagne dominent

Le classement général de l’Union de l’innovation est quasiment stable. Il est dominé par quatre « champions », à savoir la Suède, le Danemark, l’Allemagne et la Finlande. Ces pays, qui investissent davantage que les autres États membres dans la recherche et l’innovation, ont des résultats nettement supérieurs à la moyenne de l’UE.

À l’inverse, les « innovateurs modérés » – Pologne, Lituanie, Croatie, Malte, Slovaquie, Hongrie, Grèce, Portugal, Espagne, République tchèque et Italie – affichent des résultats inférieurs à la moyenne. Et trois « innovateurs modestes », la Bulgarie, la Lettonie et la Roumanie, ont des résultats « nettement inférieurs à la moyenne » et occupent les dernières places de ce classement.

Notons que le tableau de bord (Innovation Union Scoreboard 2014) s’appuie sur 25 critères répartis en trois catégories : les outils (ressources humaines, ouverture et attrait des systèmes de recherche, financements et aides), les activités des entreprises (investissements, collaborations et entrepreneuriat, capital intellectuel) et les résultats (impact pour l’économie dans son ensemble).

L’Europe rattrape une partie de son retard

S’agissant de l’Europe au sens large, la Suisse confirme sa position de leader de l’innovation, en dépassant tous les États membres de l’Union. Au niveau mondial, si l’écart de performance de l’Europe s’est réduit de moitié avec les États-Unis et le Japon, le fossé s’est creusé avec la Corée du Sud. En revanche, l’Union européenne devance encore des pays comme l’Australie, le Canada et les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud). Mais la Chine est en train de combler son retard à vitesse grand V.

Selon l’exécutif européen, l’Europe doit poursuivre ses efforts pour ne pas se laisser distancer sur l’échiquier mondial. « Le nouveau budget de l’UE et la politique régionale réformée représentent une occasion unique de stimuler l’innovation », a déclaré Johannes Hahn, commissaire à la politique régionale et urbaine. « Plus de 100 milliards d’euros provenant des Fonds structurels et d’investissement européens vont être consacrés à la recherche et à l’innovation ainsi qu’à la croissance numérique, aux PME et au développement d’énergies vertes ».


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