France Télécom attaque la région Limousin

C’est une première: l’opérateur historique, mécontent d’avoir été évincé dans l’appel d’offres du réseau à haut débit du Limousin, a saisi le tribunal administratif

France Télécom a la dent dure. Des textes de loi, récents, autorisent les collectivités à construire et exploiter leurs propres réseaux. Dans le cas du projet du réseau à haut débit du Limousin, l’opérateur national consteste la procédure de l’appel d’offres, telle qu’elle s’est déroulée. Après sélection, c’est un consortium, Axione-Sogetrel, qui avait remporté l’affaire, un gros morceau puisque évalué à 85 millions d’euros, et constituant l’un des plus gros dossiers télécoms auprès des collectivités. Le cahier des charges demandait que le délégataire construise son propre réseau. Dans sa réponse, France Télécom proposait une solution intermédiaire, associant son offre de liaisons ADSL de gros (ou « option 5″) à la construction d’un réseau partiellement redondant et parallèle à son propre réseau. C’était une concession de taille, car jusqu’ici, rappelle le quotidien Les Echos, l’opérateur historique se contentait de proposer son offre de gros sans ré-investir dans le réseau existant. France Télécom en appelle au tribunal administratif précisément parce qu’il estime que sa proposition était mieux disante, à 30 millions d’euros environ, contre 38,4 pour Axione. Réponse Michel Vergnier, député maire de Guéret, cité par Les Echos:  »

Nous avons estimé l’offre d’Axione plus intéressante, qui a proposé d’investir bien plus, et donc le bien de retour était plus important. De plus, les prix de détail proposés par Axione étaient moins chers« . Autres arguments avancés par l’élu local: « Axione était le seul à proposer un alignement sur les meilleurs tarifs nationaux. Ensuite, Axione a signé un protocole d’accord avec la Caisse des Dépôts pour sa participation au projet, alors que France Télécom est toujours en négociation avec la caisse.« . A noter également qu’Axione s’est engagé à ne pas être opérateur. Son réseau sera donc ouvert à d’autres, opérateurs de services a priori. Bien que l’affaire ait pris une tournure politique et syndicale (la CGT parle d’un « énorme gâchis d’argent public » et les élus communistes ont voté pour France Télécom), la région Limousin ne se dit pas inquiète de ce recours auprès du tribunal administratif.