France Télécom s’empare de 80% d’Amena

Le groupe français met la main sur le numéro trois espagnol des mobiles pour 6,4 milliards d’euros

C’est donc fait. L’affaire aura été conclue en moins d’une semaine: France Télécom acquiert Amena, filiale mobile du géant espagnol Auna. L’opérateur historique prend le contrôle de 80% du capital pour 6,4 milliards d’euros.

Auna, troisième opérateur espagnol avec 9 millions d’abonnés, avait été mis en vente par ses principaux actionnaires, les compagnies d’électricité espagnoles Endesa et Union Fenosa et la banque Santander. Le rachat permettra à France Télécom de renforcer ses positions dans le pays: il y contrôle déjà Wanadoo Espagne et l’opérateur fixe Uni2. « L’Espagne est une opportunité rare pour l’entreprise », indique une source proche de France Télécom. « Il s’agit d’un des derniers marchés de croissance qui reste en Europe ». Suivant sa stratégie d’opérateur intégré révélé par le plan NExT, il y a fort à parier qu’Amena passe bientôt à l’Orange et que les offres Internet/mobile convergent. L’opération s’effectuera en cash et sera refinancée en titres pour 3 milliards d’euros au travers d’une augmentation de capital réservée aux vendeurs ou par appel au marché destiné préférentiellement à ses actionnaires. « Je suis heureux d’annoncer aujourd’hui avec nos partenaires espagnols la création d’un challenger de tout premier rang en Espagne pour offrir des services convergents à nos clients particuliers et entreprises. L’Espagne sera une plate-forme active pour le lancement des offres innovantes et bénéficiera de toutes les forces du Groupe au niveau européen », a commenté Didier Lombard, patron de France Télécom. C’est donc le retour des grandes manoeuvres pour le groupe français. Désormais assaini, le groupe souhaite sous l’impulsion de son nouveau président Didier Lombard se renforcer sur les marchés européens où il reste des potentiels de croissance et l’Espagne en fait partie. Il compte donc arpenter à nouveau le chemin des mega acquisitions abandonné après l’éclatement de la bulle Internet. Pour autant, France Télécom est encore fortement endetté, environ 50 milliards d’euros et les actionnaires ont encore en mémoire la désastreuse aventure allemande avec MobilCom. L’opérateur a donc tenu à protéger ses arrières et à rassurer les investisseurs. France Télécom s’est ainsi « contenté » de 80% de la cible alors que des précédentes rumeurs laissent penser à un rachat global à plus de 10 milliards d’euros. Finalement, l’opération se fera avec des partenaires. Le solde (entre 20 et 25%) sera détenu par Santander, Union Fenosa et Endesa ainsi que par des minoritaires souhaitant conserver leur participation parmi lesquels certaines caisses d’épargne espagnoles. Sur une base pro forma, le groupe France Télécom devrait compter, à fin 2005, plus de 11,8 millions de clients en Espagne et y réaliser un chiffre d’affaires de 4,1 milliards d’euros et une marge brute opérationnelle d’environ 1,2 milliard d’euros. Par cette acquisition, France Télécom se positionne ainsi comme le plus important challenger de l’opérateur historique espagnol, Telefonica. L’objectif de croissance annuel du groupe en Espagne pour la période 2006-2008 est de 7 à 8% pour le chiffre d’affaires, de 11 à 15 % pour la marge brute opérationnelle avec des Capex en recul. A l’horizon 2008, France Telecom España a pour objectif de dépasser les 14 millions de clients. Enfin, France Télécom a pour objectif de réaliser des synergies de plus de 1,1 milliard d’euros grâce à cette opération.