France: une publicité anti P2P. Avant les procès

« La musique gratuite a un prix »: tel est le slogan de la publicité initiée par le Syndicat national des éditeurs phonographiques

Les grandes maisons de disque françaises réunies au sein du Snep veulent « éduquer » les internautes. Et spécialement les adeptes du peer-to-peer accusés en bloc d’être à l’origine des baisses de ventes de disques en France (voir encadré).

Le Syndicat national des éditeurs phonographiques lance aujourd’hui une campagne de publicité contre le piratage. Des affiches et une pub TV déclineront le message « La musique gratuite a un prix ». Et le visuel: un doigt d’honneur derrière des barreaux, a pour objectif de montrer les risques liés à l’utilisation du peer-to-peer. On appréciera la finesse de l’image. Pour le Snep, cette campagne constitue le dernier avertissement « avant d’engager, le cas échéant, et selon un calendrier qui n’est pas défini, des poursuites et des dépôts de plaintes si rien ne change ». Mais le syndicat ne dit pas comment il épinglera ces fameux adeptes téléchargeurs accusés de tous les maux. Car le problème est délicat: les fournisseurs d’accès seront-ils obligés de communiquer les adresses de leurs abonnés? Rien n’est moins sûr mais le Snep se dit confiant. Des ventes encore à la baisse

Le chiffre d’affaires du marché français du disque a été de 223,6 millions d’euros au premier trimestre 2004, en baisse de 21,4% par rapport aux 284,6 millions enregistrés sur la même période de l’an dernier.

Le nombre d’unités vendues a chuté de 20,3%, à 31,2 millions, contre 39,2 au premier trimestre 2003. Les ventes de « singles » ont baissé de 26%, à 6,5 millions, tandis que les ventes d’albums ont diminué 20,9%, à 21,9 millions d’unités. Ces chiffres constituent pour les majors LA preuve ultime de la responsabilité des pirates. Pourtant, nombreux sont les professionnels qui réfutent cette approche. D’autres éléments comme le prix des CD et la politique éditoriale des majors doivent être pris en compte. Surtout, le disque est victime du transfert de budget des jeunes consommateurs. Ces derniers investissent dans la téléphonie mobile, Internet, les DVD… et moins dans les disques. Leurs budgets ne sont pas extensibles. Pire, une étude récente d’universitaires montre que le peer-to-peer n’a pas d’incidence majeure sur les ventes de disques.