François Bornibus (Lenovo): « Nous fabriquons des PC et ne faisons que cela »

Pour réaliser son objectif de devenir le numéro 1 mondial du PC, Lenovo entend se concentrer sur son activité de constructeur produits pour les entreprises, tout en développant sa présence sur le marché grand public.

Nous avons profité de la conférence customer advisorie counsil à Berlin où Lenovo rencontrait ses partenaires en début de semaine, pour nous entretenir avec François Bornibus, vice président et directeur général d’Europe de l’Ouest du constructeur chinois. L’occasion de faire un point sur la stratégie de Lenovo.

Lenovo a pour ambition de devenir n° 1 sur le marché du PC. Quelle stratégie mettez-vous en oeuvre pour y parvenir et à quelle échéance?
Notre ambition est effectivement de devenir le n°1 sur le marché mondial. D’ici quelques années, nous n’avançons pas de calendrier. Mais nous sommes en avance d’une année sur nos prévisions. Fin juin, nous occupions la troisième place avec 12,2 % du marché juste derrière Dell à 12,5  % et HP à 17,4 %.

Notre stratégie est simple : nous fabriquons des PC et ne faisons que cela. Une stratégie claire qui se partage entre la protection de notre marché et l’innovation. La Chine, où nous sommes leader avec 31 % de parts de marché où nous continuons de croître, constitue le plus important marché mondial. Il s’agit donc d’y préserver notre position. Ensuite, nous nous développons en adressant les grands comptes où nous sommes désormais clairement identifiés grâce à l’acquisition de l’unité PC d’IBM en 2004 et la référence des ThinkPad, un terrain à protéger également.

François Bornibus, directeur général de Lenovo Europe de l'OuestEn termes d’innovation, tous nos investissements R&D se voient dans nos produits. Et nous effectuons beaucoup de recherche avec Intel et Microsoft. Cela se retrouve dans des produits parmi les plus rapides du marché en termes de démarrage (rapid boot). Des améliorations très appréciées dans les entreprises.

Vous n’allez donc pas suivre la voie empruntée par HP et Dell sur l’offre de services, voire applicative?
Ce n’est effectivement pas la nôtre. Nous préférons vraiment nous concentrer sur le coeur du produit PC, pas sur l’activité des services. Nous la laissons aux soins de nos partenaires que nous ne voulons pas court-circuiter. Notamment les ISV qui nous font gagner des points sur le segment serveurs et stations de travail. Et les ventes se font par les canaux de distribution indirects.

En revanche, Lenovo est peu présent sur le secteur grand public…
On est même quasiment insignifiant sur le secteur consumer. Un marché important puisque, sur les 60 millions de PC vendus en moyenne en Europe de l’Ouest, la moitié provient du consumer. C’est notamment pour y répondre que nous avons acquis l’allemand Medion [opération finalisée le 1er août] fort de 20 ans d’expérience sur le marché européen des produits grand public. L’achat de Medion ne veut pas dire rationalisation. Nous conservons les compétences en R&D pour les ajouter à celles de Lenovo.

Le consumer s’ajoute aux segments grands comptes et PME. Nous allons continuer à travailler sur ces trois segments en forte croissance. Sur l’Europe de l’Ouest, Lenovo affichait 3,9 % de part de marché il y a 2 ans contre 7  % au dernier trimestre.

Medion est-elle appelée à devenir la marque consumer de Lenovo?
Non, nous allons continuer à investir sur les deux marques : Lenovo et Medion. L’aspect marque est très important. Mais nous préférons investir beaucoup d’argent dans peu de pays pour bénéficier d’un retour sur investissement important. Actuellement, au niveau de l’Europe de l’Ouest, nous investissons en Allemagne avant tout (à travers des campagnes d’affichage, TV, web…) où Medion est très populaire, pour faire connaître Lenovo. Ultrabooks, tablettes, smartphones… suite de l’interview en page 2