François Bourdoncle, Exalead : « la guerre commerciale du Big Data a déjà commencé »

François Bourdoncle, directeur technique des solutions Exalead de Dassault Systèmes et co-pilote du plan Big Data de la « nouvelle France industrielle », précise les objectifs de l’initiative, à l’occasion du salon Big Data Paris, qui vient de s’ouvrir. La sensibilisation des entreprises aux enjeux du traitement de données massives est, selon François Bourdoncle, une priorité.

Directeur technique des solutions Exalead de Dassault Systèmes, François Bourdoncle pilote, avec le PDG de Capgemini Paul Hermelin, le plan Big Data, l’une des 34 priorités de la « nouvelle France industrielle ». À l’occasion du salon Big Data 2014, François Bourdoncle précise les objectifs de l’initiative, portée, à l’avenir, par le gouvernement de Manuel Valls. La sensibilisation des entreprises aux enjeux du traitement de données massives est une priorité.

Silicon.fr – Quels sont les objectifs clés du plan Big Data ?

François Bourdoncle – Pour favoriser l’émergence de ce marché en France, nous voulons convaincre les entreprises, les grands groupes, les administrations et l’État, de l’importance des enjeux concurrentiels qui s’annoncent. Nous ne mettons pas l’accent sur le volet technique du Big Data, autrement dit les outils (Hadoop…), mais sur sa dimension économique.

Le Big Data concerne tous les secteurs, la guerre est commerciale, la compétition généralisée. De puissants acteurs du numérique, américains pour la plupart, rebattent les cartes de multiples marchés : presse (Google), industrie musicale (Apple iTunes), distribution (Amazon), commerce et tourisme (Booking), etc. Ces intermédiaires identifient des secteurs à forte marge, l’assurance, par exemple, anticipent de nouveaux usages et prennent la main sur la relation client en s’appuyant sur le traitement de données massives. La France, ses acteurs et ses entreprises, doit elle aussi innover pour capter de la valeur.

Comment faire pour atteindre le but fixé ?

Tout d’abord, il nous faut garantir que la législation sur la collecte des données personnelles nous permette d’avancer. La loi informatique et libertés – son interprétation – doit permettre le développement d’une économie de la confiance et la diffusion d’usages innovants.

Sur ce volet du plan Big Data, nous avons beaucoup travaillé avec la CNIL (Commission nationale de l’informatique et des libertés). Il est envisagé de labelliser des processus industriels complets. Ce label servirait à la fois l’innovation, la confiance et le marketing. Pour ce faire,  la CNIL pourrait certifier et s’appuyer sur des partenaires, qui certifieraient à leur tour d’autres projets.

Parallèlement à ces discussions, nous menons depuis 6 mois, avec Paul Hermelin, une campagne de terrain, auprès d’entrepreneurs, pour une innovation ouverte. Nous devons convaincre les grands groupes de travailler avec les start-up, c’est essentiel. Ils pourront ensuite les racheter, au bon moment et au bon prix, acquérir leur expertise, leurs marchés et leurs clients.

Qu’en est-il des financements du plan Big Data ?

Des budgets vont être abondés. Un fonds d’amorçage doit être financé et du capital risque dédié au Big Data. L’ouverture d’un centre de ressources technologiques et le lancement d’appels visant à soutenir l’offre sont à l’étude. Nous devrions en savoir plus dans les prochaines semaines  (ndlr : après le remaniement ministériel en cours).


Voir aussi

T. Breton, B. Charlès, P. Hermelin : la Nouvelle France Industrielle a ses chefs de projet