Frank Esser nouveau p-dg de Neuf Cegetel, désormais filiale de SFR

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Le patron de SFR remplace Jacques Veyrat alors que la fusion vient d’être validée par Bercy

Comme prévu, la ministre de l’Economie et des Finances vient de donner le feu vert au rachat de Neuf Cegetel par son actionnaire SFR. L’annonce de la fusion date de décembre dernier.

Rappelons que SFR, filiale de Vivendi, détenait jusqu’à ce matin 40,5% de Neuf Cegetel et s’empare donc dès aujourd’hui des 28,5% détenus par l’actionnaire historique de Neuf, Louis Dreyfus. En conséquence, SFR détient à ce jour 68,13% du capital de Neuf Cegetel.

Le reliquat des actions (21,87%) détenu notamment par le public sera absorbé via une OPA (offre publique d’achat). Au total, l’opération coûtera à SFR 4,7 milliards d’euros environ.

Et comme prévu, le dossier ne repassera pas par la case Conseil de la concurrence comme le souhaitait par exemple Orange. L’opérateur estime en effet que les engagements pris par le nouvel ensemble sont « insuffisants ».

Mais pour SFR et Neuf, ainsi que pour Bercy, cet examen supplémentaire est parfaitement inutile : les deux entreprises étant positionnés sur des secteurs différents : le fixe pour Neuf et le mobile pour SFR.

SFR s’est d’ailleurs fendu d’un communiqué soulignant que de nouveaux engagements avaient été pris : « Ceux-ci portent sur l’accès des concurrents et des nouveaux entrants aux marchés de gros sur les réseaux fixes et mobiles de SFR ; sur l’accueil sur le réseau fixe d’un éventuel distributeur de télévision indépendant [NDLR, Orange ?] ; et sur la distribution non-exclusive sur l’ADSL de huit nouvelles chaînes, leaders sur leurs thématiques (Paris Première, Teva, Jimmy, Ciné Cinéma Famiz, trois chaînes M6 Music et Fun TV) ».

Reste que la filiale de France Télécom menace d’un recours devant le Conseil d’Etat si le dossier n’est pas examiné par le Conseil de la concurrence. Une action qui retarderait forcément le mariage tant attendu.

En attendant, Jacques Veyrat, patron de Neuf a confirmé sa démission. L’homme n’a jamais caché ses intentions : une fois la fusion validée il irait voir ailleurs… Il est logiquement remplacé par l’actuel patron de SFR, Frank Esser. Trois nouveaux administrateurs sont également nommés : Frank Cadoret, Michel Paulin (actuel dg de Neuf) et Philippe de Cuerville.

Tout se passe donc comme prévu pour SFR qui boucle ainsi une opération stratégique attendue depuis longtemps par les analystes.

Car les bénéfices sont énormes. Il y a d’abord les synergies: SFR, premier client de Neuf Cegetel, utilise son réseau pour son offre d’Internet tandis que Neuf Cegetel recourt à celui de SFR pour son offre fixe/mobile « Twin ». Les deux opérateurs investissent en outre conjointement dans la fibre optique et le Wimax.

Surtout, elle va faire de SFR un véritable opérateur intégré, comme Orange. Le groupe de Frank Esser sera ainsi capable de proposer une offre convergente quadri-play associant internet haut débit, téléphonie fixe, IPTV et téléphonie mobile. A l’heure de la convergence, ce rapprochement apparaissait donc comme inéluctable.

Le rachat permettra également à l’opérateur mobile de devenir le deuxième FAI de France derrière Orange, leader incontesté du marché. En fait, SFR se dote d’armes nouvelles pour combattre son ennemi historique.

Rappelons que SFR a déjà racheté les activités fixes et ADSL de Télé2 France, ce qui lui a permis de lancer une offre ADSL cette année. Au total SFR + Neuf Cegetel comptera 3,5 millions de clients ADSL et 18,1 millions de clients mobiles contre 6,9 et 23,5 millions de clients pour Orange. Sur l’ADSL, le nouvel ensemble creuse l’écart avec Iliad (Free) qui revendique 2,8 millions de clients.

En terme financier, SFR et Neuf Cegetel pèsent 11,6 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2006 contre 27,54 milliards pour Orange.