Fraude aux clics: dix géants du Net sur la sellette

Cette affaire fait l’effet d’une bombe dans l’univers Internet. Le phénomène n’est pourtant pas nouveau. Plusieurs sociétés ayant pignon sur rue auraient participé à une fraude aux clics publicitaires. Un procès en action collective semble se dessiner

Le scandale révélé aujourd’hui par une petite société américaine, Lane’s Gift est accablant. Le groupe, qui vend des poupées et figurines sur le Net, a déposé plainte contre dix géants de l’Internet. La firme accuse en effet certains de ces moteurs de recherche de frauder sur le prix des publicités rémunérées au clic.

Il est difficile de connaître objectivement l’audience que peut connaître une annonce publicitaire, d’autant que Lane’s Gift prétend qu’un système robotisé effectuerait « des clics » pour augmenter ces statistiques. Ce fabricant de poupées dénonce ouvertement une «fraude aux clics», bien connue chez les annonceurs: elle peut être orchestrée par le site d’e-commerce ou par les concurrents du fabricant. Par de faux clics de réponse, ces derniers font augmenter les frais publicitaires, sans que rien, en retour, ne vienne compenser. Dans sa plainte, Lane’s Gift explique que ces sites d’e-commerce «ont fait croître le marché de la publicité rémunérée au clic, tout en omettant de dévoiler qu’elles ont systématiquement surfacturé ou engrangé indûment des revenus publicitaires». La PME américaine a déposé plainte contre dix géants de l’Internet qu’elle accuse d’entente illicite sur le prix des publicités rémunérées au clic. Sont assignés Google, Yahoo, Overture, Time Warner, AOL, Netscape Communications, Ask Jeeves, Looksmart, Findwhat et BuenaVista Internet Group. Lane’s Gift, affirme représenter plusieurs autres commerçants en ligne dans ce qui devrait constituer un procès en action collective. Affaire à suivre Google, Unicis et Innaconsulting condamnés par le TGI de Nanterre

Le 14 décembre 2004, le tribunal de grande instance de Nanterre a condamné le moteur de recherche à verser 10.000 euros de dommages et intérêts à la société CNRRH, éditrice du site d’annonces matrimoniales Eurochallenges.com, pour contrefaçon de sa marque. Tout cela à cause de son offre publicitaire Adwords. Dans cette affaire, CNRRH avait également assigné deux éditeurs de sites concurrents, Unicis et Innaconsulting, accusés d’avoir acheté aux enchères, via Adwords, le nom de marque Eurochallenges. Selon plusieurs spécialistes de la propriété industrielle c’est la première condamnation faite à l’encontre d’annonceurs ayant utilisé l’outil publicitaire pour remporter un nom de marque déjà usité par un autre groupe. Résultat, une coquette amende pour le moteur de recherche de 2.500 euros et 5.000 euros de dommages et intérêts, au titre de la concurrence déloyale.