Free Mobile fait débarquer le patron de SFR

Après 12 ans de service à la tête de SFR, Frank Esser est remercié. Conséquence de l’agressivité de Free sur le marché mobile. Jean-Bernard Levy, patron de Vivendi, prend les rennes de l’opérateur en attendant un probable successeur.

Le cyclone Free Mobile vient de faire sa première victime en la personne de Frank Esser. Le patron de SFR est débarqué, « d’un commun accord », selon le groupe, après 12 ans de services. Il avait notamment fait entrer SFR sur le marché du fixe Internet et avait surtout été l’architecte de l’intégration de Neuf Cegetel acheté en 2008. Jean-Bernard Levy, dirigeant de la maison mère Vivendi et président du directoire du groupe, prend les rênes du deuxième opérateur mobile français, pour une période indéterminée, mais pas forcément définitivement.

Malgré ses succès, il est reproché à Frank Esser de ne pas avoir su anticiper les conséquences de l’arrivée de Free (pourtant pas moins que tous les autres opérateurs du marché). Depuis le lancement du nouvel opérateur mobile le 10 janvier, SFR a perdu 208 000 clients (pas forcément tous au profit de la filiale d’Iliad). Mais ce sont surtout les projections pessimistes des résultats à venir en 2012 qui inquiètent le directoire de Vivendi. Début mars, lors de la présentation des résultats financiers de son groupe, Jean-Bernard Lévy escomptait une baisse de 12 % à 15 % de la marge opérationnelle de la filiale télécoms française du groupe sur 2012, indique ITespresso.fr.

Lancements ratés

D’autant que sa conquête du marché de l’accès ADSL a connu un ralentissement malgré le lancement (ou à cause) de l’offre NeufBox Evolution fin 2010. Et les ventes dans le mobile ont plongé de 5 % en 2011. Pour le seul quatrième trimestre 2011, SFR a vu son résultat baisser de 8,7 % (contre 4,5 % pour Orange et 7,1 % pour Bouygues Telecom). L’opérateur a également laissé échappé, au profit d’Orange, l’accord d’itinérance de Free (qui devrait rapporter plus d’un milliard d’euros d’ici 2015). Seul vrai succès : l’accord de MVNO avec la Poste.

Jean-Bernard Lévy devra donc redresser la barre. Il entend néanmoins poursuivre la stratégie actuelle et maintenir les équipes ainsi que poursuivre les investissements dans la 3G et 4G. Pour l’heure aucune annonce de restructuration des équipes n’est avancée. « SFR dispose aujourd’hui de tous les atouts pour s’adapter au contexte concurrentiel actuel, pour continuer à pleinement satisfaire ses millions de clients et pour profiter de la croissance générée par les nouveaux usages numériques », indique le communiqué de Vivendi. Mais, selon Les Echos (27/03), les syndicats redoutent un plan de suppression d’emploi qui pourrait être présenté en juin prochain.

Des licenciements précédemment évoqués qui pourraient toucher jusqu’à 500 personnes. Une chose est sûre : des économies drastiques devront être trouvées. Il reste à savoir qui en paiera le plus le prix parmi les équipes de SFR.