Free : « Nos profits mobiles vont exploser en 2015 »

Après une année 2014 qualifiée « d’excellente », Iliad donne la priorité à sa rentabilité et à la réduction de sa dépendance à l’itinérance d’Orange. Le groupe a désormais pour priorité de transformer son succès commercial en réussite financière.

« Nos performances de recrutements (d’abonnés, NDLR) sont bonnes dans le fixe et le mobile, les performances économiques sont excellentes », s’est réjoui Maxime Lombardini (à gauche sur la photo), le directeur général d’Iliad lors de la présentation à la presse des résultats 2014 du groupe, annoncés plus tôt dans la matinée, le jeudi 12 mars. Inutile de revenir en détails sur ces résultats qui se résument par un chiffre d’affaires de 4,17 milliards d’euros (+11%) pour un Ebitda qui frôle 1,3 milliard (+7%), un profit de 278 millions (+5%) et près de 16 millions d’abonnés (10,1 millions dans le mobile et 5,9 millions dans le fixe). La trésorerie dégagée de l’activité ADSL, qui apporte les capacités d’investissements de l’opérateur, atteint le chiffre record de 737 millions d’euros (+16%)

Des chiffres multipliés par entre 2 et 3 depuis 2011 qui « soulignent la pertinence du choix industriel et les perspectives pour les années à venir », a commenté Thomas Reynaud (à droite sur la photo), le directeur financier. Une dynamique que les dirigeants de la maison mère de Free entendent bien poursuivre en 2015 (et au-delà). Comment ? En accélérant les recrutements d’abonnés et en améliorant leur rentabilité. Ce qui passe par plusieurs lignes de développement.

D’abord sur le modèle de distribution. Free s’appuie notamment sur un millier de bornes automatisées de livraison de cartes SIM activables en quelques minutes et qui assurent « un coût de recrutement minuscule », indique Maxime Lombardini. En parallèle, l’opérateur poursuit l’ouverture de ses Free Center. En 2015, leur nombre devrait passer de 43 à « un peu moins d’une soixantaine », assure Xavier Niel. Sur le fixe, Free compte notamment sur sa nouvelle Freebox mini 4K pour faire le plein.

Transformer le succès commercial en succès économique

« Bonne nouvelle, 2015 va transformer le succès commercial en succès économique », assure Thomas Reynaud. D’abord par l’amélioration du flux de recrutements entre les forfaits mobiles à 2 euros (voire 0 euros pour les abonnés Révolution) et 19,99 euros (15,99 euros), sur la répartition desquels Iliad reste muet argumentant que les concurrents ne communiquent pas plus sur la leur. Mais surtout, Iliad a bon espoir que, portés par les besoins de l’Internet mobile, les abonnés à 2 euros augmenteront leur rentabilité en basculant sur le forfait 3G/4G.

Quant à la polémique naissante sur les recrutements obtenus par le biais des opérations sur Venteprivée.com qui permettent d’obtenir un forfait fixe ou mobile pour moins de 2 ou 4 euros pendant 1 an, « ils ne représentent que 10% des recrutements en 2014 et n’ont qu’un impact marginal sur notre Arpu », assure Xavier Niel (au centre sur la photo). Soit 230 000 recrutements sur Venteprivée environ quand les chiffres calculés par certains concurrents font état de plus du double. Dans tous les cas, ces opérations promotionnelles sont vues comme des aubaines pour Free. « Ce sont autant de clients que l’on transformera en abonnés rentables [à l’issu de la période promotionnelle] », assure le directeur financier.

La hausse de la rentabilité passera également par la poursuite de la construction de l’infrastructure. Dans le mobile, le groupe annonce 1500 nouvelles ouvertures de sites focalisées sur les zones denses pour l’année à venir afin de couvrir 60% de la population en 4G (contre 40% fin 2014). Soit un total de près de 6 000 sites 3G/4G pour la fin de l’année pour un objectif, à plus long terme, de 25% du marché mobile (en nombre d’abonnés) contre 15% aujourd’hui (dont 2 millions en 4G). L’amélioration de la couverture permettra notamment à Free de réduire l’impact de son contrat d’itinérance avec Orange en augmentant le volume de trafic acheminé en propre et réduire ainsi les factures réglées à son fournisseur et concurrent. « On gagne de l’argent sur le mobile, déclare Xavier Niel qui assure que les profits mobiles vont exploser en 2015 ».

Elargir le portefeuille de fréquences

La rentabilité sera également soutenue par la poursuite du déploiement du réseau fibre qui permet à Free de s’affranchir des coûts de location des lignes téléphoniques (ADSL) d’Orange (ce qui coûte plus de 9 euros mensuels par ligne). Sur ce point, si Iliad va poursuivre la construction de NRO (nœud de raccordements optiques) à un rythme de déploiement « rapide » en 2015, l’opérateur n’affiche pas ses objectifs. A ce jour, il dispose de 230 NRO (en plus de près de 6 700 NRA dégroupés, quasiment tous équipés de VDSL2), qui représentent un potentiel de 3,4 millions de prises FTTH (fibre à domicile) en zones denses. Des prises qu’il reste néanmoins à installer chez les particuliers. Aujourd’hui, Free revendique plus de 550 000 abonnés à plus de 30 Mbit/s dont « plus de 100 000 en fibre », lâche Xavier Niel sans entrer dans les détails. Les co-déploiements de lignes optiques avec Orange en zones moyennement denses représenteront, pour leur part, 4,5 millions de prises FTTH à terme.

Les investissements d’infrastructure passeront également par l’élargissement de la bande des fréquences disponibles. Aujourd’hui, Free dispose de 30 MHz de largeur de bande (20 MHz dans le 2600 MHz, 5 dans le 2100 MHz et 5 dans le 900 MHz) quand ses concurrents en possèdent plus de 50. « Il faut rééquilibrer le portefeuille de spectres, estime Maxime Lombardini, que le spectre aille à ceux qui en ont besoin et pas dans une compétition financière qui n’est pas le moyen le plus adéquat. » Le dirigeant évoque notamment les fréquences de la bande des 700 MHz dont l’attribution est programmée pour la fin de l’année. Enchères à un tour ou appel d’offres, les modalités d’attributions ne sont pas encore fixées, mais le prix total se chiffrera nécessairement à plusieurs centaines de millions d’euros pour les intéressés. Le gouvernement espérant en obtenir plus de 2 milliards au total. Ces fréquences basses se révéleront indispensables à Free « pour assurer la couverture nationale et éteindre l’itinérance » passant par Orange. Le contrat avec Orange sur la 3G se termine en 2018. D’ici là, Free devrait utiliser, dès 2016, la bande des 1800 MHz libérée par les opérateurs dans le cadre du refarming des fréquences. Pour le moment, Free a obtenu 5 MHz en 1800 MHz (cédés par Bouygues Telecom) et compte bien récupérer 10 MHz supplémentaires des deux autres opérateurs dans cette même bande.

Augmentation des recrutements, mobiles essentiellement, amélioration de leur rentabilité, et poursuite de la construction de l’infrastructure en propre constituent les grands axes stratégiques d’Iliad, qui devrait mener l’entreprise à une rentabilité de 40% d’Ebitda à l’horizon 2020. Pour 2015, le groupe vise une croissance de son excédent brut d’exploitation supérieure à 10%.


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