Freescale : Motorola accouche d’un géant des semiconducteurs

En accordant la liberté à sa division semiconducteurs, Motorola fait plus que créer un nouvel acteur géant du marché, il donne à Freescale les moyens de s’affranchir d’une encombrante image trop centrée sur la téléphonie mobile

Lauch by Motorola‘ Premier fournisseur sur de nombreux marchés des semi-conducteurs, cumulant un chiffre d’affaires de plus de 20 milliards de dollars, Freescale est un acteur industriel de premier plan, qui jusqu’à présent souffrait de n’être ‘que’ la division Semiconductors du géant Motorola. Du transistor au silicium Pourtant, Freescale n’est pas un nouveau venu sur le marché des semi-conducteurs. Dès 1949, Motorola crée son premier centre de recherche sur la technique nouvelle des transistors, avec le premier transistor 3 ampères fabriqué en 1952 et le premier brevet de semiconducteur déposé en 1953. Ce dont la division souffrait sans doute le plus provenait de l’association Motorola téléphonie, avec le risque avoué de certains clients de voir leur fournisseur favoriser sa maison mère sur la fourniture de composants stratégiques. D’autant que dès 1960 Motorola introduisait son premier transistor sur base silicium. On se souviendra que Motorola a introduit en 1974 son premier processeur 8 bits, le célèbre MC6800, puis en 1984 le premier processeur 32 bits, le MC68020, et que le fabricant manqua de peu la marche IBM qui a permis à Intel de devenir leader sur le marché des PC. Enfin, l’alliance technologique engagée en 1991 entre IBM, Apple et Motorola aboutira au développement de la famille des microprocesseurs PowerPC. Réseaux, sans fil et transports Limiter Freescale aux seuls microprocesseurs serait cependant trop réducteur. Les activités du groupe se répartissent en trois grandes familles : – Réseaux : accès aux réseaux, mobilité sans fil et intelligence distribuée, architectures ‘wireless’ ; – Wireless : communications haut débit, photophones, jeux en réseaux sans fil, composants pour PDA ; – Transport : transmission intelligente, systèmes de navigation, détection à distance. Le nouveau géant des semiconducteurs est ainsi le leader reconnu sur de nombreux marchés, comme les composants pour l’automobile, les processeurs de communication et d’applications ‘wireless’, ou l’alimentation des stations cellulaires. Et un patron? français Freescale s’est doté d’un premier patron français, Michel Mayer, Chairman et CEO du groupe depuis mai 2004. Michel Mayer n’est pas un inconnu. 20 ans chez IBM l’ont amené à prendre la direction d’IBM Microelectronics, la division semiconducteurs personnalisés d’IBM. Après une pré IPO (introduction en Bourse) qui a mis sur le marché 20% de son capital, Motorola reste plus que majoritaire dans Freescale avec 80% du capital. Crolles2, R&D à Grenoble

Freescale (Motorola) a rejoint en 2002 le projet Crolles2, créé en 2000 par STMicroelectronics et Philips, un centre de recherche et développement implanté sur le site de Grenoble, pour donner naissance à l’Alliance Crolles2, centre de recherche avancée pour le développement des trois prochaines générations de technologie semi-conducteur.

La roadmap du centre de R&D est ambitieuse, avec CMOS 120 nanomètres et 90nm dès aujourd’hui, CMOS 65nm démontré, CMOS 45nm vers 2006 et CMOS 32nm vers 2008, en tranches de 300mm. A l’horizon de 2005, Crolles2 aura représenté un investissement de 1,4 milliard de dollars, pour une production de 2.500 tranches de silicium de 300mm produites par semaine, 1200 emplois directs sur site et 4500 emplois indirects dans la région.