Fréquences mobiles : Verizon bat Google sur le fil

Malgré sa détermination, le géant du Web n’a pas fait le poids

C’est une surprise. Alors que la plupart des observateurs le donnait gagnant, Google n’obtient aucune des fréquences du spectre des 700 Mhz mises aux enchères aux Etats-Unis par la FCC (Federal Communications Commission). Malgré une enchère de plus de 4 milliards de dollars, le géant du Web s’est fait coiffé au poteau par Verizon, le deuxième opérateur télécoms du pays.

« Une chose est claire : Google n’a obtenu aucune licence pour exploiter cette bande de fréquence mais c’est une victoire pour les consommateurs américains.Nous félicitons les gagnants et nous sommes impatients de parvenir à un monde sans fil libre« , indique le groupe Internet dans un communiqué.

Google n’est pas passé loin. Son enchère atteignait 4,713 milliards de dollars, mais Verizon a été mieux disant avec une proposition à 4,74 milliards de dollars. Mountain View peut enrager…

Rappelons que les deux groupes se battaient pour remporter le disputé bloc C de fréquences qui couvre tout le territoire américain. Ces fréquences sont de l’or pour les opérateurs télécoms qui pourront les utiliser pour déployer des réseaux haut débit mobile.

Google devra donc abandonner ses rêves d’opérateur télécom. Il s’agissait de devenir fournisseur de services de téléphonie mobile et d’accès à Internet et compléter sa chaîne de valeur déjà composée d’Android (plate-forme logicielle pour mobile).

Verizon emporte donc le lot, sauf l’Alaska et Porto-Rico remportés par d’autres, mais aussi plus de 100 blocs de fréquences régionales, pour lesquelles il a offert près de 5 milliards de dollars, dont près de 900 millions de dollars pour Chicago, 429 millions pour la zone de New York-Long Island et plus d’un milliard de dollars pour deux licences couvrant la région de Los Angeles. Au total le groupe dépensera environ 9,6 milliards de dollars.

L’objectif de Verizon est limpide : rattraper son concurrent AT&T en étendant sa couverture. Mais le numéro un américain n’est pas en reste : il a dépensé environ 6 milliards de dollars pour acheter des dizaines de licences régionales, dont 884 millions pour New York/Newark et 365 millions pour Philadelphie.

A eux deux, leurs enchères gagnantes totalisent plus de 16 milliards de dollars, soit plus de 80% du montant total qu’ont rapporté les enchères. La FCC peut se frotter les mains, cette mises en vente des fréquences abandonnées par la TV analogique rapportera à l’Etat 19,6 milliards de dollars.

Ces enchères constituent également la première étape d’un profond changement du paysage américain des télécoms. Verizon devra en effet ouvrir le nouveau réseau à tous les appareils mobiles et à tous les logiciels à télécharger. Jusqu’à aujourd’hui, les opérateurs pouvaient sélectionner les terminaux et les applications pouvant être exploités sur leurs réseaux tout en « bloquant » leurs utilisation sur d’autres réseaux.

Cette transformation permettra à des fabricants ou à des groupes comme Google d’accéder automatiquement à ces réseaux. Un important lot de consolation pour Google qui espérait mieux.