Fuites chez Apple: la justice oblige des ‘reporters’ à livrer leurs sources

Scandale? Un juge américain remet en cause la protection des sources des journalistes

Depuis plusieurs mois, Apple est confronté à des fuites: des informations confidentielles sont livrées à des sites d’information en ligne. La plupart des nouveautés ou lancements de produits se sont retrouvés publiés sur des sites Internet spécialisés comme ThinkSecret, AppleInsider et PowerPage. Ce qui a le don d’agacer au plus haut point la firme à la pomme.

Les informations confidentielles concernaient notamment l’arrivée d’un nouveau périphérique baptisé « Asteroid », destiné à relier des instruments de musique à un ordinateur. Apple cherche donc à identifier la source de ces fuites en faisant pression sur les journalistes qui relayent ces informations. Mais aux Etats-Unis, la Constitution protège absolument la confidentialité des sources. Pourtant Apple vient de remporter une manche: la sacro-sainte protection des sources d’information est contestée. Un juge de Californie a inversé la jurisprudence en soutenant que les sites Internet ne sont pas concernés par la protection des sources s’appliquant aux journalistes, protection garantie par la Constitution américaine. Trois personnes travaillant pour ces sites Web sont donc sommées de révéler leurs sources. Incroyable au pays du « Free speech », principe fondamental acquis par le Premier amendement! Les arguments du juge Le juge du comté de Santa Clara, James Kleinberg, a statué que personne n’avait le droit de publier des informations qui pouvaient avoir été fournies par quelqu’un ayant enfreint la loi pour les obtenir. Dans ce cas, le Premier amendement de la Constitution américaine sur la liberté d’expression ne s’applique donc pas, a-t-il estimé. Il a indiqué que, journalistes ou non, les acteurs de l’histoire n’avaient pas à publier de telles informations confidentielles : « Cela ne leur donne pas le droit de faire n’importe quoi », a-t-il sermoné. Et de poursuivre: « Le privilège du journaliste n’est pas absolu, ils ne peuvent, notamment, pas refuser de révéler des informations si celles-ci sont liées à un délit ». Apple est ainsi autorisée à demander à Nfox, l’entreprise gérant la connexion Internet du journal en ligne Powerpage, de lui communiquer toutes les données relatant les échanges de mails de l’éditeur du site. La Fondation Electronic Frontier (EFF), qui représente le journaliste anonyme dans cette affaire, a annoncé qu’elle ferait appel de la décision du juge en rappelant un arrêt de la Cour suprême statuant que l’on ne peut demander à un journaliste de révéler ses sources qu’en tout dernier recours. Qu’il travaille ou non sur Internet ne change rien à l’affaire! Si elle est confirmée, cette décision porterait un coup très dur à l’information en ligne qui doit pourtant jouir des mêmes droits que la presse professionnelle à partir du moment où ce sont des journalistes professionnels qui y travaillent.