Fusion Sopra Steria : les grandes manoeuvres ont déjà commencé

En remplacement de Pascal Leroy, Vincent Paris sera chargé, après le 1er mai, de la gestion opérationnelle de Sopra jusqu’au rapprochement effectif avec Steria, prévu cet été. Cette passerelle offerte par le fondateur, Pierre Pasquier, fait de lui le prochain n°2 opérationnel du nouvel ensemble, qui sera dirigé par François Enaud, actuel gérant de Steria.

L’organigramme du futur groupe né du rapprochement des SSII françaises Steria et Sopra se dessine. Pascal Leroy, actuel directeur général de Sopra et jusqu’alors considéré comme le dauphin du président-fondateur Pierre Pasquier, est officiellement sur le départ, et semble ne plus avoir les faveurs de ce dernier. Rappelons que Pierre Pasquier sera, à l’avenir, président du conseil d’administration du nouvel ensemble Sopra Steria Group. C’est donc Vincent Paris, promu n°2 de Sopra en remplacement de Pascal Leroy, qui sera nommé directeur général délégué de l’entité fusionnée. Comme annoncé précédemment, François Enaud, occupera le poste de directeur général. L’actuel gérant de Steria retrouvera à ses côtés d’autres membres de son équipe dirigeante : Laurent Lemaire (futur DAF), Patricia Langrand (marketing et offres), Olivier Vallet (management d’infrastructures) ou encore John Torrie (UK et Asie).

« Dans les faits, l’intégration a déjà commencé, il y a des équipes Steria chez Sopra, et inversement », explique à la rédaction Hocine Chemlal, délégué syndical CGT chez Steria.

Steria préfère Sopra à Atos

Parallèlement à l’annonce de « l’évolution de gouvernance » de Sopra, Steria a réaffirmé, jeudi 17 avril, son engagement en faveur du rapprochement amical. La SSII, qui avait également été approchée par le numéro deux français Atos, a rappelé que son conseil de surveillance et le conseil d’administration de Soderi, société d’actionnaires salariés de Steria, se sont prononcés pour la prétendue « fusion entre égaux » avec Sopra.

Rappelons-le, ce projet prend la forme d’une offre publique d’échange (OPE) initiée par Sopra, sur la base de 1 action Sopra pour 4 actions Steria. Les actionnaires de la société de François Enaud se verraient ainsi proposer une prime d’environ 40% par rapport au dernier cours de clôture de l’action Steria, mais ne détiendraient que 10% de la nouvelle entité. Sopra GMT, la holding des fondateurs de Sopra, et des managers de la SSII se verraient octroyer 22% du nouvel ensemble. Enfin, Geninfo, filiale de la Société Générale déjà présente au capital de Sopra, en conserverait 7%. Ce capital (39%) sera verrouillé par un pacte liant les actionnaires des deux groupes.

Vers une absorption de Steria

Le nouvel ensemble affiche un chiffre d’affaires combiné de 3,1 milliards d’euros et un effectif de 35 000 collaborateurs dans 24 pays, dont environ 15 000 en France. Pierre Pasquier et François Enaud tablent sur « de très fortes complémentarités métiers et géographiques » permettant de générer des économies opérationnelles annuelles de 62 millions d’euros essentiellement réalisées grâce à la mutualisation des achats et des ressources.

Ces synergies alarment les syndicats, inquiets pour la pérennité des emplois, malgré les propos rassurants tenus par les dirigeants. « Le plan permet de préserver les actifs humains et industriels de Steria et le pacte conclu avec Sopra GMT permettra de maintenir les valeurs de l’actionnariat salarié », assure-t-on chez Steria. Du côté de Sopra, Pierre Pasquier a déclaré la semaine dernière : « il n’y aura pas de plan social prévu, il n’y aura pas de départs volontaires prévus. » Sans convaincre.

« Lors de la réunion d’information du 17 avril, la direction n’a pas nié qu’il va y avoir des doublons. Il est peu probable que l’on échappe à un plan de départs volontaires », souligne Hocine Chemlal. « Il semble, désormais, que l’on se dirige vers une absorption pure et simple de Steria par Sopra, cela veut dire que Steria pourrait disparaître », ajoute le délégué syndical.

Sopra a reculé la publication de son chiffre d’affaires du premier trimestre, du 24 au 28 avril après bourse. La procédure d’information-consultation des partenaires sociaux débuterait courant mai. Et l’assemblée générale de Sopra, qui pourrait donner lieu à d’importantes annonces concernant l’intégration, se tiendra à Paris le 27 juin 2014.

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