GB : Hachette livre un bras de fer contre Amazon

Le cybermarchand veut à tout prix réduire ses prix d’achat, au détriment des éditeurs et des auteurs

Dans l’apparente courtoisie du monde du livre, un sourde bataille fait rage entre Amazon, géant de la vente en ligne et le groupe d’édition Hachette (groupe Lagardère). En Grande-Bretagne, la société d’édition livre un bras de fer sans précédent avec la firme américaine autour des réductions accordées aux revendeurs et aux droits reversés aux auteurs.

Amazon, conscient de sa puissance, n’est pas passé par quatre chemins pour imposer ces vues. Le cybermarchand a, selon une information du Times, retiré de son site la mention « buy new » pour les livres de l’éditeur. Autrement dit, les livres édités par Hachette bien que toujours présents sur le site, sont quasiment invisibles. L’objectif pour le cybermarchand est simple : faire plier Hachette (et les autres éditeurs) pour obtenir des réductions encore plus importantes sur ses achats en gros d’ouvrages.

Il faut savoir qu’Amazon débourse pour ses livres la moitié de la somme indiquée sur la couverture, d’où la réaction de refus des éditeurs.

Dans cette guerre des prix, les auteurs font figure de premières victimes. La baisse des prix impactent directement les droits d’auteurs issus des ventes de leurs ouvrages. Dans un courrier adressé aux écrivains de son catalogue, Tim Hely Hutchinson, dg d’Hachette, dénonce les faits et gestes d’Amazon. « Amazon nous met la pression pour obtenir des avantages commerciaux supérieurs à ceux dont il bénéficie déjà« . La missive dénonce également une politique « agressive » et dangereuse pour les revendeurs traditionnels.

Contacté par nos soins, Amazon France n’a pas retourné nos appels.

Aux Etats-Unis, Amazon aurait déjà entrepris des démarches similaires, poussant les éditeurs et les auteurs à revoir leurs prix à la baisse, d’où les craintes fondées d’Hachette.

Le cybermarchand dispose d’armes de poids : sa part de marché et sa croissance. Il représente 16% de la vente de livre en Grande-Bretagne. Il pourrait à lui seul, concentrer 30% de la vente de livre d’ici 2010.

Rappelons qu’en France, la firme américaine a cristallisé les craintes des revendeurs traditionnels. Le syndicat français des libraires s’était récemment élevé contre les livraisons gratuites effectuées par le site, considérées comme de la promotion déguisée (pratique interdite en France). Tout récemment, le gouvernement français a engagé une réflexion autour du livre numérique ainsi qu’ autour de la question des droits d’auteurs.