Gestion des API : quels points surveiller sur ce marché ?

Magic Quadrant 2021 gestion API

La hiérarchie se précise chez les leaders de la gestion des API. En tout cas dans le Magic Quadrant. Quelles en sont les raisons ?

Pas mieux, faute d’avoir atteint le seuil de revenus requis. La remarque vaut pour l’ensemble des fournisseurs crédités d’une « mention honorable » dans le Magic Quadrant consacré à la gestion du cycle de vie des API. Nommément, Ambassador Labs, Constellant, Gravitee.io, RapidAPI, Solo.io et Stoplight.

Il semble falloir y voir le reflet d’un marché certes en croissance (+24 % en 2020, à 2,1 milliards de dollars), mais soumis à des disparités régionales. La situation a en tout cas valu à certains offreurs de sortir du « carré magique », explique Gartner.

L’an dernier, ils étaient 18. Cette année, ils sont 17. Exit F5, Perforce, Sensedia et Torry Harris. Et bienvenue à… AWS, qui entre directement dans la catégorie des « challengers ».
Rien ne change au cercle des « leaders », si ce n’est la hiérarchie, un peu plus claire. Google a gagné du terrain sur MuleSoft ; IBM en a pris sur Software AG.

Magic Quadrant 2021 API lifecycle

Stratégies sectorielles : à fond l’open banking ?

Des sept « leaders », cinq ont droit à un mauvais point sur le volet « expérience client » :

– Google, sur la mise en place d’Apigee en environnement hybride (option pour les éditions Enterprise et Enterprise Plus)

– MuleSoft, sur la négociation contractuelle et le support

– IBM, sur l’application des mises à jour et des correctifs

– Axway, sur la complexité de l’UI

– Microsoft, sur le rapport prix/fonctionnalités

En matière de pricing, Google se distingue. Par la simplicité de son modèle, qui n’impose pas de limites sur le nombre d’utilisateurs ou d’API, explique Gartner. Le groupe américain a aussi un bon point sur sa stratégie produit (portail développeurs personnalisable, capacités de monétisation des API…). Et sur sa stratégie sectorielle, qui verse entre autres dans l’open banking.
C’est moins positif, en revanche, sur la compréhension du marché ; essentiellement de par le manque d’une composante d’intégration. Gartner regrette par ailleurs la limitation de l’accès à certains produits (AIOps avancé, monitoring…) aux déploiements hybrides et en cloud public.

Pricing et approches commerciales

Chez MuleSoft, on ne distingue pas aussi favorablement sur le pricing. En particulier lors du renouvellement des contrats, ainsi que sur les capacités à la demande et pour les cas d’usage qui n’impliquent pas d’intégration. Même constat pour les options de monétisation des API.
Le fournisseur américain se distingue en revanche – dans le bon sens du terme – sur sa stratégie produit. Tout comme sur le marketing (livres blancs, blogs, événements…) et la conception des API (mise à disposition d’équipes d’aide à l’implémentation).

Chez IBM, la sécurité des produits (diversité des standards pris en charge, serveur OAuth intégré…) a fait bonne impression auprès de Gartner. Tout comme la stratégie produit (prise en charge de GraphQL, variété des options de déploiement…). Et la stratégie commerciale (notamment, avec l’inclusion de l’offre API Connect dans le Cloud Pak for Integration).
Parmi les points de vigilance, d’un côté, les déploiements, complexes dans les environnements de conteneurs. Et de l’autre, la performance commerciale : les revenus d’IBM ont crû moins vite que le marché en 2020… comme en 2019.

Partenariats et « coopétition »

Chez Axway aussi, on est crédité d’un bon point sur la stratégie produit. En particulier au vu du périmètre de cas d’usage couvert. Gartner salue aussi sa compréhension du marché (ouverture aux environnements cloud et aux passerelles API de concurrents, dont AWS et Azure). Ainsi que l’étendue du réseau de partenaires (Cloud Elements, Ping Identity, API Fortress, etc.).
Comme chez IBM, la performance commerciale laisse à désirer. Malgré des deals notables en 2020, Axway a connu une croissance inférieure à celle du marché. Autre souci : la perception de son offre. On a tendance à considérer surtout ses solutions d’intégration ; plus en tout cas que de gestion des API.

Qu’en est-il de Kong ? Gartner apprécie son approche « less is more » comme ses investissements dans les outils de test et le maillage de services. Autres points positifs : la flexibilité de déploiement et la faible empreinte de la passerelle (déployable en version « light »).
On ne peut pas en dire autant de la stratégie marketing, plus orientée vers les développeurs que vers les métiers. Tout comme la stratégie sectorielle (retard sur la concurrence au niveau des solutions santé et open banking). Ainsi que sur le pricing (pas de licences basées sur le nombre d’appels API).

Azure sinon rien ?

Chez Microsoft, la stratégie géographique ressort : son offre de gestion des API est disponible dans toutes les régions Azure, et en 18 langues. Elle a pour elle, explique Gartner, une interface d’administration intuitive et un haut niveau de satisfaction client. Reste que les prix peuvent s’avérer élevés en rapport aux fonctionnalités. D’autant plus que le produit est rarement vendu seul – il l’est souvent avec Azure.

Chez Software AG, au-delà de la couverture fonctionnelle (OpenAPI, WebSockets, AppMesh…) et de l’adéquation à la demande (écosystèmes B2B, microservices…), le portail développeurs marque des points. Autant pour les options de personnalisation que de gestion de communauté.
Il reste cependant des progrès à faire en matière de notoriété, en dépit d’un rebranding sous la bannière « API-first ». Même chose sur la conception et l’implémentation des API, tout comme la stratégie sectorielle.

Illustration principale © AndSus – Adobe Stock