GitHub dévoile la face cachée du développement Open Source

GitHub a mené un sondage auprès de ses membres. La pauvreté de la documentation, des relations musclées et la faible mixité sont pointées du doigt.

La plateforme de développement Open Source, GitHub, a réalisé un sondage sur les pratiques et sur les communautés. Plus de 5500 personnes sur plus de 3800 repositories de GitHub ont répondu à plus de 50 questions. S’y ajoute le retour de 500 personnes de communautés travaillant sur d’autres plateformes de développement. Cette étude montre ou démontre plusieurs enseignements, bons et mauvais.

Une documentation relativement pauvre

Sur les mauvais aspects du développement et des communautés, l’étude pointe du doigt 3 plaies. La première porte sur une considération technique : la documentation des projets est pauvre, incomplète ou obsolète. Cette problématique est soulignée par 93% des répondants. Ceci dit, les sondés battent leur coulpe en étant 60% à contribuer rarement, voire jamais à la documentation. Il y a néanmoins une exception en matière de documentation : les conditions de licence. 64% des développeurs disent qu’une licence Open Source est très importante pour décider d’utiliser un projet et 67% affirment qu’elle est essentielle pour décider d’y contribuer.

GitHub conseille de faire un effort sur la documentation selon plusieurs axes : les modalités d’utilisation d’un projet, les conditions d’utilisation et de contribution et les normes de conduite dans une communauté. De même, l’adoption d’un anglais académique facilite la compréhension de tout un chacun. Des efforts surtout appréciés par un groupe minoritaire dans les communautés : les femmes.

Où est la mixité ?

La très faible mixité est en effet la seconde plaie soulignée par ce sondage. Le déséquilibre est criant, 95% des répondants au sondage étant des hommes. 3% seulement sont des femmes (et 1% se définissant transgenre). Sur les communautés Open Source, le fait d’être une femme expose à recevoir plus de contenu déplacé (25% contre 15%), à être victime de stéréotypes (12% contre 2%) ou de harcèlement sexuel (6% contre 3%). On ne s’étonnera pas de constater que les femmes demandent plus facilement de l’aide à des gens connus plutôt qu’à des inconnus sur un forum. Par ailleurs, on constate que 26% des développeurs sondés se déclarent immigrés et 16% sont issus d’une minorité ethnique là où ils habitent.

Des relations parfois rudes et outrancières

La dernière face cachée du monde du développement selon GitHub est le caractère parfois un peu rude des relations. Les incidents sont peu fréquents, mais ils ont un fort impact et dépassent le simple cadre des parties prenantes. 18% des répondants ont personnellement connu une relation conflictuelle avec un autre utilisateur. Et 50% des utilisateurs ont assisté à ce type d’altercation.

Parmi les mauvais comportements, la grossièreté arrive en tête (45% en ont été témoins, 16% l’ont expérimentée), les insultes arrivent ensuite (20% de témoins et 5% de touchés) et les stéréotypes ferment la marche (11% de témoins et 3% de concernés). Il est vrai que l’exemplarité de certaines personnes comme Linus Torvalds laisse à désirer en matière de relations au sein de la communauté Open Source. GitHub souligne que les incidents majeurs comme les avances ou le harcèlement sexuel et le doxxing (publier des informations privées sur Internet) sont soulevés par moins de 5% des répondants. La plateforme constate par contre que ces comportements ont une influence néfastae sur les projets. 21% des personnes ayant vécu ou ayant été témoin de tels agissements ont cessé de participer à un projet. 14% migrent sur des communautés privées.

Un modèle loué pour sa sécurité

Parmi les autres enseignements plus positifs de l’étude, on note qu’une majorité des développeurs Open Source contribuent aux projets dans leur cadre professionnel (65%). Ils sont 94% à utiliser des applications Open Source dans le cadre de leurs activités. Les employeurs encouragent cette politique (82% pour les applications et 84% pour les dépendances dans le code), même si les employés ont quelques interrogations sur les conditions d’usage de l’Open Source au sein de l’entreprise. Près de 47% pensent qu’ils n’ont pas besoin de demander de permission dans leur entreprise pour avoir recours à ce type de logiciels.

Le rapport montre enfin que le choix de l’Open Source est dicté par des considérations de sécurité (82%). Par contre, les utilisateurs sont moins convaincus de la stabilité et du niveau de l’expérience utilisateur des solutions Open Source. Malgré ces bémols, les développeurs sondés avouent regarder en priorité les services Open Source en cas d’intégration de nouvelles solutions.

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