Google Compute Engine : encore un effort pour revenir au niveau d’AWS

Le service de Iaas de Google, ouvert officiellement cette semaine, ne possède ni la couverture fonctionnelle ni le degré de perfectionnement de certains services d’Amazon. Mais Google a les armes pour combler rapidement son retard sur l’incontestable leader du Cloud public.

L’ouverture officielle de Google Compute Engine, sorti de sa phase de bêta de 18 mois avec quelques rabais sur les tarifs et de nouvelles fonctionnalités, signe officiellement l’entrée de la firme de Mountain View sur un marché de plus en plus disputé : celui du Iaas, des infrastructures disponibles dans le Cloud. Un domaine que se disputent quatre géants : Amazon (via ses Amazon Web Services), Microsoft (Azure), IBM (via notamment le rachat pour 2 milliards de dollars du spécialiste SoftLayer) et Google donc.

Même s’il faudrait plutôt écrire que trois acteurs majeurs de l’industrie sont à la poursuite d’un trublion, venu d’un domaine connexe, le e-commerce. Car, sans aucun doute, c’est aujourd’hui Amazon qui domine ce marché. Et de loin. La branche AWS de la société de Jeff Bezos devrait dès cette année réaliser un chiffre d’affaires compris entre 3,2 à 3,8 milliards de dollars selon les analystes. La firme se vante de compter des centaines de milliers de clients, en majorité des individus ou des PME mais aussi de très grands consommateurs de puissance de calcul et de stockage comme le service de location de vidéos Netflix. Ce dernier a entièrement basculé sur AWS en 2012. Autre indice de la puissance du service Cloud mis en place par le cyber-libraire, indice révélé par le New York Times : Intel, le numéro un mondial des processeurs, dédie 6 commerciaux au seul AWS afin d’étancher sa soif inextinguible de nouveaux serveurs.

Services plus évolués chez AWS

Amazon a mis en ligne son service de calcul Elastic Cloud Compute (EC2) dès août 2006. Azure n’a ouvert qu’en février 2010 et Google Compute Engine cette semaine, après avoir été annoncé et mis en service en bêta en juin 2012.

Ce décalage se traduit aussi dans l’étendue de l’offre. Comme l’explique Lydia Leong, une vice-présidente de la recherche au sein du cabinet Gartner, Google Compute Engine reste loin derrière AWS « en termes de couverture et de profondeur fonctionnelle », tout en soulignant que l’offre possède des caractéristiques intrinsèques intéressantes. C’est notamment le cas de la fonction de migration à chaud des workload, permettant de reprendre sur une autre zone géographique une tâche tournant sur un datacenter touché par une maintenance programmée. Une fonction que Netflix exploite sur AWS, mais que ce dernier ne propose pas (encore ?) au catalogue. Reste que, comparé aux offres très classiques du catalogue Iaas de Mountain View, les derniers développements d’Amazon, dévoilés il y a quelques jours lors de l’événement re :Invent, montrent la maturité grandissante des services mis sur pied par le cyber-libraire. Pour rappel, il a mis sur le marché une offre de poste de travail virtualisé (WorkSpaces) et un service de traitement de flux de données en temps réel (Kinesis).

Le Cloud, un sujet prioritaire chez Google ?

Toutefois, Lydia Leong est persuadée que Google a la capacité de combler rapidement cet écart. En s’appuyant sur les technologies qu’il a développées en interne pour ses offres Web (recherche, Gmail et YouTube notamment) et en les packageant sous forme de services. A condition toutefois de dépasser certaines faiblesses, comme une approche du marché peu adaptée aux attentes des grandes organisations. Autre interrogation : quel degré de priorité Google accordera-t-il à son développement dans le Iaas ? Même si les Apps affichent aujourd’hui un chiffre d’affaires annuel supérieur au milliard de dollars, des dirigeants de cette activité se sont déjà plaint du peu d’attention dont ils bénéficient en interne, rapporte le New York Times. Notamment face aux très lucratives activités dans la publicité en ligne.

Lydia Leong, de Gartner, reste toutefois convaincu que l’arrivée officielle de Google dans le Iaas marque un tournant sur ce marché. Dans un billet de blog, elle écrit : « la disponibilité de GCE (Google Compute Engine) est une ligne de démarcation : nous entrons désormais dans une seconde phase et, à partir de maintenant, les choses ne seront que plus intéressantes ».


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