Google propose aux entreprises de migrer dans le Cloud… par la poste

Avec Transfer Appliance, Google propose aux entreprises de transporter physiquement leurs données jusqu’à son Cloud. Une solution plus rapide que le transfert par le réseau pour les volumes massifs.

Parfois, il est plus efficace de transférer physiquement des données que par le réseau. C’est sur la base de ce constat que Google vient de lancer Transfer Appliance, une solution pour migrer des données d’une entreprise sur sa Cloud Platform en passant par les services postaux. Concrètement, Transfer Appliance est un serveur de stockage que l’entreprise installe dans son datacenter ou centre informatique. Une fois rempli, le boîtier est envoyé par transporteur à Mountain View qui transfère alors les fichiers sur son environnement de stockage (Google Cloud Storage).

Le service se destine avant tout aux organisations qui nourrissent leurs baies de stockage des informations envoyées issues de l’Internet des objets (IoT) ou exploitent leurs données historiques à des fins d’analyses et de Machine Learning. Ce qui se traduit souvent par « d’énormes archives et bibliothèques de sauvegarde occupant un espace onéreux dans votre centre de calculs », soutient l’entreprise californienne qui déclare en avoir discuté avec « beaucoup d’entreprises ». Une montagne (ou un lac) de données que les limites de capacité et coûts de bande passante ne permettent pas d’envoyer directement dans le Cloud de Google, où les clients trouveront tous les outils d’analyse, d’auto-apprentissage, de diffusion, d’archivage ou de reprise d’activité après sinistre.

3 ans pour transférer 1 Po

Selon Google, le transfert d’un petaoctet (1 million de Go) de données, volume relativement réaliste dans les entreprises de taille conséquente, nécessite entre 30 heures, si l’organisation dispose de 100 Gbit/s de capacité réseau (cas plutôt rare), à 124 jours, pour 1 Gbit/s de bande passante, voire 3 ans à 100 Mbit/s (cas le plus fréquent). Évidemment, les délais de livraison physique du support de ces données restent incomparablement plus courts. Y compris en y intégrant le temps de transfert locaux des fichiers vers et depuis l’appliance. A titre d’exemple, Google avance que, via Transfer Appliance, 1 Po de données mettra 43 jours à être disponible dans le Cloud. Bien loin des 1 095 jours nécessaires à son transfert sur une ligne à 100 Mbit/s (sans même parler des coûts associés).

La capture des données peut se faire depuis une station de travail sous Windows ou Linux, ou directement par l’appliance à partir du protocole réseau NFS (en versions 3 et 4). Il suffit alors de sélectionner les répertoires partagés à transférer vers le boîtier dédié de Google. Plusieurs captures sont possibles simultanément. « Le nombre de captures en parallèle n’est limité que par les ressources de votre système et par la bande passante réseau pour les gérer », indique Google.

Sur les traces d’Amazon

Deux capacités d’appliance sont proposées : 100 To ou 480 To, qui peuvent monter à 200 To et 1 Po respectivement une fois les données compressées. Le prix de la première offre s’élève à 300 dollars hors frais d’envois (500 dollars environ). Il en coûtera 1 800 dollars pour la seconde (et 900 dollars de transport). Le service est disponible uniquement aux Etats-Unis pour l’heure. Google s’est attaché les services de FedEx pour le transport des boîtiers. Quand à la protection des données, elle est assurée par chiffrement AES 256. Les fichiers ne sont rendus accessibles qu’à leur destination finale, l’espace que l’entreprise aura créé sur la plate-forme Google Cloud (GCP), assure la firme. L’opération de déchiffrement-récupération s’effectue par l’intermédiaire de Rehydrator, une passerelle virtuelle exécutée comme instance de Google Compute Engine. Google prévient que si le client oublie le code de chiffrement et mot de passe utilisés, les données seront définitivement perdues.

Avec Transfer Appliance, Google marche dans les pas d’Amazon… avec près de deux ans de retard. En octobre 2015, AWS dévoilait en effet l’appliance Snowball qui s’apparente à une grosse valise renforcée de 20 kg pour 50 To de capacité et une interface Ethernet 10 Gbit/s. Depuis, l’offre a évolué vers une version 80 To, facturée 250 dollars pour 10 jours d’exploitation (15 dollars par jour au-delà). Google a donc décidé de viser plus haut en matière de capacité de stockage avec une fenêtre de transfert élargie à 25 jours. On attend la réplique d’Amazon.


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