Google saute sur l’IPv6

Le passage à l’IPv6 est indispensable pour assurer l’avenir de l’Internet. Mais le basculement se fait attendre. Pour tenter d’accélérer le mouvement, l’Internet Society organise l’IPv6 Jump Day avec la complicité de Google, Yahoo et Facebook notamment.

Google, Yahoo et autres grands acteurs Internet sauront-ils donner l’impulsion indispensable au basculement du réseau vers l’IPv6? C’est en tout cas l’objectif de l’« IPv6 Jump Day » organisé sous l’égide de l’Internet Society le 8 juin 2011 (au lieu du 1er mai initialement prévu). Ce jour là, Google, Yahoo, Facebook, ainsi que les distributeurs de contenus Akamai et Limelight Networks, et tous ceux qui se joindront à l’initiative, basculeront leurs principaux services en ligne sous le protocole IPv6 pendant 24 heures (autrement dit, leurs serveurs ne « parleront » qu’en IPv6).

« Il s’agit d’une étape cruciale dans la transition, car si IPv6 est largement déployée dans de nombreux réseaux, il n’a jamais été utilisé à une telle échelle auparavant, explique Google. Nous espérons qu’en travaillant ensemble avec un objectif commun, nous pouvons aider l’industrie à se préparer pour le nouveau protocole, trouver et résoudre les problèmes inattendus, et ouvrir la voie pour un déploiement global. » A noter que seuls 0,2 % des internautes bénéficient d’une connexion native en IPv6.

99,95 % des internautes non affectés, sauf si…

La quasi totalité des utilisateurs ne devrait pas être affectée par ce passage temporaire à l’IPv6. Soit 99,95 % des internautes, selon les estimations de Google. Les autres seront peut-être victime d’une mauvaise configuration de leur réseau résidentiel. Néanmoins, Google entend travailler avec les constructeurs, développeurs d’applications et éditeurs de systèmes d’exploitation pour fournir les outils de test, informer les utilisateurs et minimiser les problèmes de connexion. Il n’en reste pas moins que les vieux équipements (routeurs ne supportant pas le nouveau système d’adressage, systèmes d’exploitation trop anciens pour supporter l’IPv6, etc.) resteront sourds aux demandes et requêtes sous le protocole de nouvelle génération (pourtant finalisé fin 1998).

L’adoption de l’IPv6 est en effet urgent pour faire face à la pénurie d’adresses IPv4. Codée sur 32 bit, les quelques 4 milliards d’adresses disponibles depuis la création d’Internet (ou presque) arrivent aujourd’hui à saturation (et encore, des « astuces » comme la translation d’adresse ont permis de gérer la pénurie et d’optimiser l’usage des ressources IP). Et aujourd’hui, avec le développement de l’Internet mobile notamment et les objets communicants (M2M), le nombre d’adresses IPv4 disponibles se réduit comme peau de chagrin. Selon le site dédié, il ne restait que 5 % des adresses IPv4 attribuables en mai 2010. Bref, l’avenir de l’Internet passe par l’adoption de l’IPv6 qui, codé sur 128 bits, offre un nombre quasi infini de ressources d’adressage.

« Nous espérons que de nombreux autres sites se joindront à nous pour participer à la Journée mondiale de l’IPv6, conclut Google dans son billet. Modifier la langue parlée par tous les appareils sur l’Internet est une tâche importante, mais elle est essentielle pour assurer l’avenir d’un Internet ouvert et robuste pour les décennies à venir. » 2011, année de l’IPv6?