Le gouvernement américain s’inquiète des effets du trading haute fréquence

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Le trading haute fréquence, une opportunité pour les banques, mais peut-être aussi une plaie pour les traders. Ce procédé automatique – et informatique – fait l’objet d’une enquête aux États-Unis.

Le trading haute fréquence est une technique maintenant bien ancrée dans le monde boursier. Ces transactions sont réalisées extrêmement rapidement, et surtout automatiquement à partir d’algorithmes informatiques.

L’objectif est d’engranger des bénéfices en jouant sur la différence entre valeur d’achat et valeur de vente (et en les faisant éventuellement fluctuer via l’émission d’une multitude d’ordres dans une période très courte). Dans ce secteur, l’informatique règne en maître.

Un phénomène qui commence – enfin – à inquiéter les autorités outre-Atlantique. La SEC (Securities and Exchange Commission), le gendarme américain de la Bourse, la CFTC (Commodity Futures Trading Commission), régulateur des marchés, et le FBI se penchent tous sur le trading haute fréquence.

Le département de la Justice des États-Unis a lancé une enquête sur un possible délit d’initié, rapporte Reuters. « Je confirme que le département de la Justice examine ces pratiques pour déterminer s’il y a infraction à la réglementation sur le délit d’initié », a déclaré Eric Holder, ministre de la Justice américaine, aux parlementaires de son pays.

Hors de portée des traders

« Les différentes autorités américaines veulent déterminer si le trader haute fréquence jouit d’un avantage de vitesse indu sur l’investisseur moyen », indique Reuters.

La réponse sera aisée à déterminer : oui. Le trading haute fréquence s’appuie en effet sur d’infimes différences entre cours d’achat et de vente, différences qui ne sont exploitables que sous deux conditions :

  1. si les ordres sont passés extrêmement rapidement ;
  2. si un autre système plus rapide ne vous a pas coupé l’herbe sous le pied.

Au fil des ans, nous avons ainsi assisté à une véritable course aux armements, avec l’entrée en lice de systèmes toujours plus sophistiqués, basés par exemple sur des composants programmables (FPGA).

Les systèmes de trading haute fréquence réalisent aujourd’hui des transactions dans des périodes se comptant en microsecondes. On imagine mal comment un trader ‘humain’ pourrait espérer faire mieux. L’équipement nécessaire à la mise en place d’un système de trading haute fréquence (en puissance comme en capacités réseau) est également hors de portée du commun des mortels.

Et l’éthique ?

En jouant sur des stratégies de passage d’ordres en masse, le trading haute fréquence arrive même à influer sur le cours des actions. Le tout en utilisant des méthodes parfois particulièrement opaques.

Mais le fond du problème est finalement bien plus dérangeant. Sur un marché d’échanges, il n’y a pas de création de valeur. Aussi, ces sommes, acquises en s’appuyant sur la lenteur des infrastructures des places financières, représentent forcément une perte pour les traders qui souhaitent faire travailler de l’argent sur des valeurs choisies pour les qualités des entreprises qu’elles représentent.

Avec le trading haute fréquence, les banques ne capitalisent donc plus sur la valeur des entreprises, mais sur le système boursier lui-même, le détournant ainsi complètement de son but premier. Aujourd’hui, aux États-Unis, une écrasante majorité des transactions sont liées à du trading haute fréquence.

Crédit photo : © Julien Eichinger – Fotolia.com


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