Grandes écoles, universités : le syndrome de Pékin

Le syndrome de Pékin s’est encore abattu sur les universités françaises. Comme il se doit, on a mis en avant, dans certains milieu politique, ce classement pour mettre à mal un système d’éducation qui ne serait pas assez « sélectif »

Ce qui est surprenant, c’est le crédit que l’on porte à ce classement, et notamment, les critères pris en compte. Un de ces derniers est le nombre de prix Nobel.

Il faut se faire une idée, il y aura peu de prix Nobel scientifiques en France. C’est une récompense, qui est réservé au monde anglo saxon. Je suis étonné qu’un chimiste chinois, monsieur Du (société Lilly) qui a réussi la synthèse de l’insuline, n’ait jamais eu le prix Nobel. Que les professeurs Françoise Barré-Sinoussi et Luc Montagnier , qui ont découvert le virus de Sida, une des grandes pandémies mondiales, ne l’aient eu que 25 ans après sa découverte, – et j’en passe.

Il n’est pas dans l’habitude des universitaires français de faire du lobbying dans les organismes internationaux pour avoir le prix et donc ne seront jamais bien placés dans le classement de Pékin. Il serait sage que l’on s’en fasse une raison.

Le plus surprenant reste les critères de choix . On aurait pensé que la finalité des universités est de promouvoir une formation ouverte à tous, et de délivrer un diplôme qui est la même valeur en France quelque soit sa situation géographique. Forme-t-on de bons médecins, de bons chercheurs, de bons enseignants, de bons ingénieurs ? Vu le nombre de ces derniers qui traînent dans les entreprises britanniques, on peut penser que le résultat est de qualité.

Si l’on part du principe que les diplômes universitaire sont de même niveau, on est en droit de se demander pourquoi dans le classement Paris 11 figure en 43ème position. Et les autres universités ? Et Normal sup qui forme ses étudiants dans les universités parisiennes et lyonnaises ?

En fait les universités sont malades de deux choses :

– le manque d’argent compte tenu du nombre d’étudiants, problème déjà soulevé par l’OCDE.

– de la politique libérale qui veulent exclure des cursus, ce qui n’est pas « rentable », en suivant ainsi le modèle britannique qui a eu comme résultat la suppression, dans certains établissements scientifiques, l’enseignement de la chimie.

Cette manie du classement touche également la presse en France, j’ai même vu dans le top des écoles d’ingénieur en informatique, des établissements qui ne sont pas habilité à délivrer un diplôme d’ingénieur.

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(*) Professeur, chargé de cours à l’Ecole Centrale Paris