H.-A. Rault, d.g. de NXP France (Philips) : ‘Nous? -une ‘fablight »

Philips Semiconductors deviendra définitivement NXP le 1er octobre. Henri-Alain Rault, vice-président et CEO de NXP France, évoque la création du nouveau géant européen des semi-conducteurs

Historiquement, Philips Semiconductors est moins présent en France par son outil industriel que par la R&D (

recherche et développement). Le géant y emploie 2200 personnes, dont 1600 sont affectés à la R&D, et 350 seulement à l’industrie.

Philips Semiconductors a investi 966 millions d’euros dans la R&D en 2005 (hors Crolles 2), dispose de 24 centres de R&D dans le monde et a déposé plus de 25.000 brevets.

Henri-Alain Rault est le vice-président et CEO de Philips Semiconductors, qui deviendra le 1 octobre prochain NXP France (lire notre article).

Quelle sera la stratégie de NXP en France ?

Notre stratégie n’est pas de construire de grandes usines. Elle n’est pas non plus de devenir une ‘fabless‘ (fabricant de composants qui sous-traite la fabrication de ses composants). Nous sommes plutôt une ‘fablight‘.

Philips souffrait d’un déficit d’image sur ses semi-conducteurs…

Philips est d’abord connu pour ses produits. C’est pourquoi en changeant de nom et en réduisant notre déperdition, nous allons pouvoir proposer une ‘value proposition‘ à nos grands clients.

En quittant Philips, nous perdons une situation de ‘confort’ au sein d’un grand groupe. En revanche, nous allons en tirer des avantages, avec plus d’agilité et plus de rapidité. Ce sont des facteurs mérités car nous disposons maintenant de la capacité de croître au rythme ou nous devons croître.

Nous sommes à la recherche d’une reconnaissance, nous sommes le Freescale d’aujourd’hui et nous souhaitons adopter plutôt une allure de start-up.

Ce qui est rassurant, c’est que cette vue est partagée à la fois par le consortium qui nous a racheté et par le management de NXP. De plus, notre situation financière est excellente.

Quel avenir voyez-vous pour Crolles 2 ?

[Crolles 2 est le pôle technologique de Grenoble qui réunit Philips Semiconductors (NXP), STMicrorelectronics et Freescale autour du développement des nouvelles (90 nm) et futures générations de semi-conducteurs (65 nm et 45 nm)]

La prochaine échéance de Crolles 2 est à fin 2007, mais si tout le monde s’entend pour prolonger la R&D, nous n’avons pas la même vision. STMicro souhaiterait développer la production, et Freescale transférer une partie aux Etats-Unis. Quant à nous, nous souhaiterions nous ouvrir aux PME/PMI pour proposer un accès à la plate-forme technologique pour développer des applications en France.

Les stratégies des acteurs de semi-conducteurs évoluent. Comment voyez-vous cette évolution pour NXP ? Et comment allez vous vous rapprocher des acteurs plus petits qui vont consommer vos transistors ?

Quitter Philips et changer de nom est probablement une chance pour nous. Quant on se présente dans une petite entreprise et que l’on porte le nom de Philips, l’accueil ne nous est pas toujours favorable.

Nous allons continuer et regarder vers des marchés plus porteurs pour le futur. Nous devons aussi changer notre ‘business model‘, proposer des briques hardwares, et surtout faire de plus en plus de logiciels.

Jusqu’à présent, on nous achetait les semi-conducteurs et on offrait le logiciel. Bientôt on offrira les semi-conducteurs et on nous achètera le software.

On me demande pourquoi nous ne nous appelons pas NXP Semiconductors ? Je pourrais répondre que nous avons créé une activité logicielle indépendante, NXP Software.

Mais pour le moment le plus important est que nous nous concentrons sur quatre segments : la téléphonie mobile ; le ‘home‘, les décodeurs, avec des convergences avec la communication ; l’automobile, l’identification, les applications de cartes à puce, la RFID, la traçabilité ; et le multimarket multistandards, les composants industriels, le marché historique qui génère le plus de chiffre d’affaires, stable et avec le plus de marge.

Et vos implantations dans des pays émergeants ?

Nous sommes présents à Bengalore (Inde) pour le software, mais ils ne sont pas encore prêts pour le développement, ils ne sont pas encore au stade de la R&D. Nous créons un centre de recherche à Shanghai (Chine). C’est plus anecdotique, mais nous sommes présents à Bucarest (Roumanie).

Notre objectif avec ces implantations est de ne pas utiliser nos ingénieurs français à réaliser des travaux répétitifs, ils nous coûteraient trop cher pour ça?