SDN : quelles compétences pour sa mise en oeuvre

A l’ère du SDN, le réseau devient partie intégrante de l’informatique. Les métiers de l’IT et du réseau fusionnent pour laisser place au programmeur de réseau.

Le SDN chamboule le réseau en y apportant la virtualisation. Pour mesurer l’aspect disruptif de cette évolution, on pourrait presque la comparer au passage de l’analogique au numérique. Tout cela ne va évidemment pas sans impact sur les métiers qui gravitent autour des réseaux. C’est d’ailleurs précisément en ce moment que les emplois IT de demain se définissent. En effet, les entreprises et organisations ont besoin de nouveaux critères pour évaluer les professionnels qui auront les compétences nécessaires pour mettre en place des architectures où la virtualisation sera devenue la norme.

L’automatisation de certaines tâches va-t-elle signifier qu’il y aura moins d’emplois à pourvoir ? Une question qui se posait déjà lorsque les chaines de fabrication des usines ont été équipées de robots. En réalité, les métiers se sont déplacés vers la programmation de ces derniers et leur manutention. La problématique sera sans doute similaire dans le cas du SDN et du NFV, du fait de l’automatisation qu’ils engendrent. C’est donc bien la nature des compétences requises qui va changer.

Du nouveau pour les ingénieurs réseau

Tout d’abord, on peut se demander si les métiers du SDN vont devenir une catégorie distincte ou bien s’ils seront uniquement associés à des compétences SDN à ajouter à l’expertise existante des ingénieurs réseau. Une question pas réellement tranchée, même si les ingénieurs réseau semblent les mieux placés pour tirer profit de cette mutation. En attendant, penchons-nous sur les nouvelles compétences requises.

Avec l’automatisation, savoir écrire des scripts de base est une compétence nécessaire pour tous les professionnels de l’informatique. Plus globalement, la programmation informatique, tel que le Python, est incontournable. Le spécialiste du SDN doit également se familiariser avec Linux et les API (Application Programming Interface). Ces dernières vont jouer le rôle de jonctions entre les équipements réseaux et les besoins externes. Il en existe de nombreuses. Citons les plus connus des protocoles d’automatisation : Opflex, OSVDB, REST API, NETCONF / YANG, OpenFlow…

Différents types de contrôleurs SDN sont également à l’oeuvre. On pense à Cisco APIC (Cisco Application Policy Infrastructure Controller), OSC (Cisco Open SDN Controller, distribution commerciale d’OpenDaylight), OpenDaylight (contrôleur SDN Open Source), Trema, POX, Beacon, Floodlight (fork de Beacon)…

Revalorisation de l’ingénieur réseau

Si l’intelligence se déplace vers le contrôleur, il faut garder à l’esprit que certains fabricants d’équipements veulent différencier les réseaux en apportant de la programmabilité au sein même des appareils. Ont ainsi été créés, sous la houlette des équipementiers, des NPU (Network Processor Unit) qui viennent remplacer les ASIC dans certains équipements. Des composants plus coûteux, mais à même d’évoluer dans le temps. La voie est ainsi ouverte au NFV.

Cette nouvelle donne va déboucher sur des opportunités de carrière. Il semble logique que les postes d’ingénieurs réseau soient de plus en plus valorisés. Avec les SDN, NFV, SD-WAN, SON (Self-Organizing Network ou SON), les réseaux traditionnels vont laisser place à des réseaux hautement automatisés et programmables, avec parfois même des notions de « self-healing » (auto-guérison) pour le SON par exemple. Les compétences informatiques, la connaissance des API et des contrôleurs réseaux vont être, dans cette optique, névralgiques.