L’open data, une source d’opportunités pour les entreprises

Si l’open data repose essentiellement sur le secteur public, les entreprises ont tout intérêt à libérer leurs données afin de créer de nouveaux services. À condition de respecter certains principes.

L’open data va-t-il enfin décoller en France ? Le cadre réglementaire incite les acteurs publics à libérer leurs données. La loi pour une République numérique fait obligation aux collectivités locales de plus de 3500 habitants et de plus de 50 agents de publier d’ici 2018 leurs données dans un format ouvert et exploitable.

Les professionnels de la santé s’y mettent également. Prévu par la loi santé, le « Système national des données de santé » (SNDS) a été officiellement ouvert le 10 avril dernier. Il rassemble les données existantes de l’assurance maladie ou des hôpitaux permettant d’étudier les parcours de soins, la prise en charge médico-sociale ou les dépenses de santé. Un dispositif encadré par la CNIL.

Les banques publiques (Bpifrance, Banque de France…) et les transports en commun (SNCF, RATP…) font aussi des efforts pour se mettre à l’heure de l’open data.

Non soumises aux pressions réglementaires, les entreprises privées renâclent, en revanche, à suivre le mouvement. À tort selon Tugdual Grall, Technical evangelist pour MapR, éditeur spécialisé dans les solutions Big Data. « L’open data peut leur permettre d’améliorer leurs services ou de créer de nouvelles sources de business. Les GAFA et les startups ont rapidement compris le bénéfice qu’ils pouvaient en tirer, il est temps que les entreprises traditionnelles suivent. » Selon lui, elles doivent libérer progressivement leurs données afin de tester leur potentiel et s’ouvrir aux opportunités qui se présentent.

Tugdual Grall, MapR

Une tendance par ailleurs qui va dans le sens de l’histoire. « Les entreprises se font voler leurs données en ligne par les startups qui font du web scraping. Autant les ouvrir et essayer d’en tirer profit ». Une société d’assurances a, selon lui, tout intérêt à se retrouver dans un comparateur de prix. « Le consommateur a pour premier réflexe de rechercher sur Internet. Si les prix ne sont pas affichés, il s’en va. »

Faire émerger de nouvelles idées

Pour Tugdual Grall, « une entreprise a des idées bien arrêtées sur la façon dont elle peut valoriser ses données. En les exposant, de nouvelles pistes vont émerger qu’elle n’aurait jamais imaginées seule. » Le champ des possibles est, de fait, infini. Une enseigne de bricolage qui ouvre les données de son catalogue produits peut voir se greffer des services associés. La mise en relation de clients et d’artisans peut augmenter ses ventes, la liste d’achat des matériaux pointant sur les références en magasin.

Il est aussi possible, dans le BtoB, de recourir à un open data « fermé ». Une entreprise va, par exemple, partager avec ses filiales, son réseau de magasins et ses partenaires la vue à 360° de ses clients. Une API remplace en quelque sorte les échanges en EDI (échange de données informatisé).

Cette forme d’open data relève parfois de l’échange de bons procédés. Un fournisseur livre à un cybercommerçant des informations produits, sa grille tarifaire. En retour, le site e-commerce lui fournira des informations sur les produits les plus vendus, les pages les plus visitées.

L’open data présente aussi des bénéfices plus inattendus. Comme aider une entreprise IT à détecter des talents alors qu’elle peine à recruter sur un marché de l’emploi tendu. Elle fournit un jeu de données (data set) à des candidats de type data scientists invitant à travailler dessus et à inventer de nouveaux services. Kaggle, site racheté par Google, organise ce type de concours.