Pourquoi passer au Cloud et lequel : public, privé ou hybride ?

À l’heure de la course aux offres de services innovants, les entreprises ont besoin d’une informatique souple, agile et performante. Pour satisfaire à cette exigence, les PME recourent de plus en plus au Cloud. Cloud public, privé ou hybride, les entreprises ne savent plus à quel saint se vouer…

Face à une concurrence toujours plus virulente, les directions métiers sont contraintes de proposer de plus en plus rapidement de nouveaux services ou produits aux clients, prospects, partenaires et fournisseurs. Aussi, pour tenir la distance dans cette course à l’innovation, elles ont besoin d’une informatique souple, agile et performante.

« Les métiers n’ont plus le temps d’attendre le déploiement de longs projets informatiques pour construire une nouvelle offre. Ils veulent des solutions qui, en quelques jours, leur permettent de commercialiser un nouveau service ou produit. Avec leurs offres IaaS (infrastructure), PaaS (plate-forme) ou SaaS (applicatifs métiers), les prestataires de Cloud répondent parfaitement à leurs besoins » explique Luc Germain, directeur Open Solutions chez Devoteam.

Mais si aujourd’hui de plus en plus de PME sont prêtes à mettre leur informatique dans les nuages (le Cloud Computing), elles veulent le faire en toute sécurité. Cloud public, Cloud privé, elles ne savent pas à quel saint se vouer. Chaque modèle à ses avantages et ses inconvénients et chacun se prête plus à une informatique ou à une autre. Petit tour des offres en présence.

Cloud Public : idéal pour les start-ups et TPE

Marc Bojoly - Octo TechnologyDans un Cloud public, proposé notamment par les géants du web (Amazon, Google ou Microsoft), les serveurs et les applicatifs sont mutualisés. De par leur puissance de feu (des milliers de serveurs dispersés dans des datacenters situés aux quatre coins du monde) et grâce à l’automatisation de leurs processus de pré-configuration et pré-câblage des machines et des applicatifs, ces prestataires offrent à toute entreprise la possibilité de recourir en ligne à des solutions d’infrastructure, des plates-formes de développement ou des applicatifs et de les dimensionner à la volée. « Proposées en self-service via internet, toutes ces solutions présentent, au-delà de tous les avantages technologiques, celui d’un paiement à la consommation », souligne Marc Bojoly, manager chez Octo Technology.

Aujourd’hui, sans hésitation aucune, les start-ups (à l’exception des entreprises soumises à des réglementations spécifiques d’hébergement) adoptent massivement le Cloud public qui leur permet de se lancer très rapidement sur le marché. « Grâce au Cloud, les jeunes pousses n’ont plus besoin d’investir dans l’acquisition d’infrastructures, de mètres carrés d’espace. Le Capex (dépenses d’investissement) bascule en Opex (dépenses d’exploitation). Résultat : elles ne paient que ce qu’elles consomment et font grandir leurs infrastructures au rythme de leur croissance. Leurs revenus paient leurs dépenses de Cloud public », note Arnaud Mazin, manager chez Octo Technology.

Cloud privé : pour des services sur-mesure

Pour les plus anciennes PME dotées d’une infrastructure (serveurs, réseaux, applicatifs maison…) et d’une équipe informatique internes, la situation est plus complexe. Ainsi, reconnaît Luc Germain « lorsqu’une entreprise possède un existant informatique conséquent (serveurs, applicatifs), migrer l’intégralité de son SI dans le Cloud s’avère complexe et onéreux. Il est donc pertinent de procéder par étape et de bien choisir les applicatifs qui seront basculés dans le Cloud public et ceux qui seront gérés dans un Cloud privé ». Rappelons que dans le cadre d’un Cloud privé, les serveurs et applicatifs sont déployés sur des infrastructures dédiées à l’entreprise. Ces infrastructures peuvent être hébergées au sein même de l’entreprise qui en assure l’administration, l’exploitation et la maintenance, ou chez un prestataire responsable en infogérance. À noter qu’à contrario du Cloud public, le Cloud privé chez un prestataire propose des services sur mesure et présente l’avantage de respecter la gouvernance de l’entreprise.

Cloud hybride : conjuguer les avantages du public et du privé

Face à ces deux concepts, lequel choisir ? Pour Stephan Hilby, responsable du marché Cloud, EMEA chez Intel : « il ne faut pas opposer Cloud privé et Cloud public. En associant les deux modèles dans un Cloud hybride l’entreprise tire les bénéfices des deux systèmes en réduisant ses coûts de maintenance et de licences liés à un SI interne. Le Cloud hybride à l’avantage de répondre à une très large palette d’usages. C’est aujourd’hui la solution de premier choix pour qui souhaite déployer une offre Cloud dans son entreprise. »

Se pose aussi la question de ce que l’entreprise doit confier au Cloud public et de ce qu’elle doit préserver dans le privé. Pour les entreprises propriétaires de données hautement critiques, le Cloud privé s’impose. En revanche, il est plus pertinent de recourir à un Cloud public pour déployer une stratégie Big Data ou traiter le volume des données issues de l’Internet des Objets (IoT) par exemple.

Pour accroitre sa puissance de calcul ou recourir à une plateforme de développement pour tester un nouveau service, le Cloud public est également la solution à privilégier. Via un Cloud public, l’entreprise loue en ligne une plate-forme, déploie sa solution, la teste et stoppe la souscription en cas de résultat insatisfaisant. « Dans ce cas, l’investissement de l’entreprise se réduit au paiement mensuel par utilisateur. Elle ne s’engage pas dans une relation contractuelle avec un prestataire de Cloud privé ou dans l’acquisition de la licence, du serveur et dans le déploiement de la solution par son service informatique dans le cas d’un déploiement interne » précise Luc Germain.

En revanche, pour un ERP, un Cloud privé est la meilleure option. Pour Stephan Hilby, « les données les plus critiques ou applications les plus gourmandes, dans le cadre d’un HPC in the Cloud par exemple, pourront vivre en local dans l’entreprise, tandis que pour être proche de ses clients à l’étranger, ou pour répondre à un pic de consommation en performance ou en stockage, le passage de manière transparente via des infrastructures dites “Software Defined” vers un Cloud public permettra de gérer ces situations ».

Grâce à un Cloud hybride une entreprise peut donc cumuler, en cas de pic d’activité, la capacité de traitement et de calcul de ses propres serveurs à ceux du Cloud public. Une opération qui nécessite toutefois de déployer des passerelles entre applicatifs internes et plates-formes de Cloud public. Ce qui techniquement n’est pas toujours aisé, même si les acteurs du secteur comme Microsoft, VMware ou HPE proposent des solutions permettant le transfert des données ou applicatifs d’un univers à un autre.

La DSI devient prestataire de services en ligne

Cette stratégie Cloud n’est pas sans conséquence sur la DSI. C’est une stratégie qui impose une réflexion de fond sur le devenir de l’informatique de l’entreprise, une redéfinition des rôles de l’équipe interne, l’acquisition de nouvelles compétences et la transformation de l’organisation de l’entreprise.

Luc Germain - DevoteamFini les structures pyramidales et en silos. « Avec le Cloud, la DSI est profondément impactée. Elle devient agrégateur de services en ligne et établit un cadre au travers d’un portail web sur lequel les collaborateurs trouvent toutes les offres (infrastructures, plateforme de développement, applicatifs) hébergées dans le Cloud public et dans le privé. Il leur suffit de se connecter au portail et de souscrire via internet aux services qu’ils souhaitent. C’est une opération totalement transparente », décrypte Luc Germain.

Pour la DSI, ce rôle de prestataire de services présente de nombreux avantages. Tout d’abord elle reprend la main sur le Shadow IT, phénomène très répandu sous l’impulsion du Cloud public. Ensuite, elle optimise ses coûts et identifie les consommateurs grâce au portail qui lui permet de savoir précisément qui consomme quoi. Enfin, en procédant régulièrement à des audits de consommation, elle identifie les services utilisés par les collaborateurs et suspend immédiatement ceux qui ne le sont plus. « Dans un SI interne les applicatifs sont déployés et le restent qu’ils soient utilisés ou non par les collaborateurs. Ce sont des pertes considérables pour l’entreprise » constate Luc Germain.

Le Cloud : une stratégie qui impacte l’entreprise en profondeur

Arnaud Mazin - Octo Technology« Si votre activité consiste à développer des applicatifs, il faut la préserver en interne tout comme les compétences qui lui sont liées. En revanche, toute l’informatique qui n’est pas votre cœur de métier, mérite d’être dans le Cloud », déclare Arnaud Mazin.

 

La première étape consiste donc à faire un état des lieux de l’existant informatique (serveurs applicatifs) et des compétences internes. Ensuite, il est important d’étudier l’évolution business de l’entreprise à court et moyen terme. Quelles sont les perspectives de déploiement de nouveaux services clients, partenaires, fournisseurs ? Quelles stratégies en termes de déploiement à l’étranger ? Quels sont les objectifs de recrutement ? Quelle est l’évolution du volume et du profil de données (critiques ou non) ? Etc.

Mettre son informatique dans le Cloud nécessite de prendre de la hauteur et de réfléchir à la gouvernance de l’IT : quel business model, quelle création de valeur, quelle mesure de la performance ? C’est donc en fonction de tous ces paramètres que l’entreprise doit réfléchir à la meilleure stratégie de Cloud.

Dans cette démarche, la direction générale et toutes les directions opérationnelles doivent être impliquées. « Mais attention, prévient Marc Bojoly ces projets doivent être menés étape par étape. Procéder par Big Bang, c’est courir à l’échec. » Une idée partagée par Luc Germain : « il faut s’inscrire dans une démarche continue. Une rupture technologique nuirait à la productivité de l’entreprise. Il faut établir une feuille de route sur quatre ou cinq ans pour donner à l’entreprise le temps d’absorber cette disruption de consommation de l’informatique. »

Aujourd’hui, les prestataires de Cloud offrent une large palette de services. Conscientes de l’intérêt de ce concept, les PME s’approprient peu à peu cette nouvelle approche de la consommation de l’informatique qui les contraint toutefois à repenser leur modèle IT et leur organisation. Mais sans ce virage Cloud, point de salut.

Avis d’expert

Stephan Hilby - Intel

Stephan Hilby, responsable du marché Cloud, EMEA chez Intel

Pour déployer un Cloud hybride, une entreprise a plusieurs interlocuteurs possibles. Elle peut, faire appel à une ESN (Entreprise de Service Numérique) qui la conseille dans la définition de ses enjeux et lui permet d’identifier ce qu’elle préservera en interne et ce qu’elle confiera au Cloud public. Une entreprise dotée d’une DSI peut se faire accompagner de constructeurs tels HPE et Intel qui, avec elle, étudieront la meilleure solution entre Cloud public et privé. Enfin, certains Cloud Service Providers proposent des solutions clé en main de Cloud Privé Managé. Ainsi ils mettent à la disposition de l’entreprise une infrastructure locale couplée à des datacenters publics situés en France et à l’étranger, ce qui, à l’usage, s’avère être un bon compromis.

Toutefois, opter pour un Cloud hybride nécessite de travailler avec méthode pour éviter de nombreux écueils. Il faut notamment ne pas omettre l’interopérabilité des Cloud privés et publics. Pour cela, il est indispensable de faire les bons choix technologiques. Aujourd’hui, il existe des technologies Open Source, comme OpenStack, ou des plateformes sous licence, type Microsoft Azure, qui permettent d’assurer la compatibilité entre les deux Cloud présents au sein du Cloud hybride. Le choix des technologies nécessite une étude approfondie du projet et sera dicté par les objectifs de la DSI. Quel que soit le type de Cloud, une chose est sure, la DSI doit rester maitre des choix technologiques et conserver la main sur les données.