Humeur: laids, bêtes et courriels…

Qu’ils se nomment mails ou courriels, leur contenu devient facilement
grossier. Aux Etats-Unis, les scientifiques affinent leurs explications sur
cette dérive

Il est plus facile d’écrire un mail vengeur que de dire ses quatre vérités à son interlocuteur, les yeux dans les yeux. Chacun peut le constater.

Aux Etats-Unis, certains s’en inquiètent de plus en plus. En effet, le phénomène est loin d’être circonscrit à quelques ados torturés. Le New York Times de ce 20 février raporte que les scientifiques pensent avoir identifié les causes de l’« effet désinhibant du online ».

En clair, si les mots se font plus agressifs ou tout simplement socialement incorrects, c’est la faute au cyber-espace.

Handicapé du cortex…

Diverses études américaines avaient déjà mis le doigt sur le phénomène, au cours des années 2000. Elles épinglaient l’anonymat du Web, l’impunité de certains internautes cachés derrière leurs « nick-names », notamment.

Aujourd’hui, les scientifiques sont allés jusqu’à comparer les différences de fonctionnement du cerveau lors d’un échange en face à face ou d’une communication par écrans interposés. Dans le second cas, de nombreuses indications, comme le ton de la voix, des mimiques ou crispations du visage, disparaissent (d’où le recours aux ‘smileys’, direz-vous…)

Or, note Jennifer Beer, psychologue de l’Université de Californie, ce sont elles qui incitent à calibrer sa réponse à l’autre. Ces données sont stockées dans le cortex orbito-frontal. Et les scientifiques ont noté que les individus chez qui cette zone du cerveau était altérée ou lésée devenaient incapables d’évaluer l’impact de leurs actions sur les autres.

A l’image des handicapés du cortex orbito-frontal, les internautes agressifs seraient donc des déficients. A s’en méfier, et à plaindre.