IBM en ordre de marche sur la mobilité

Si smartphones et tablettes personnelles envahissent les entreprises et augmentent la pression sur la DSI qui freine des quatre fers pour les intégrer au SI faute de contrôle. Une situation pour laquelle IBM affute ses solutions.

L’arrivée des terminaux personnels smartphones et tablettes (pour ne pas dire iPad) au sein de l’entreprise est un phénomène que les constructeurs ne peuvent plus négliger. RIM en a pris conscience en amont et commence à proposer des solutions de gestion multiplate-forme. De son côté, IBM se penche aussi sur la question en… commandant une enquête à IDC. Non pas pour vérifier la tendance mais pour comprendre les attentes des DSI vis-à-vis du phénomène, notamment en France.

Pour prendre la température, le cabinet d’études a interrogé 206 utilisateurs (d’au moins un terminal mobile, professionnel ou personnel avec usages professionnel) et 100 responsables informatiques de grandes entreprises (plus de 1000 salariés) en France. Premier constat, les avantages en termes de flexibilité des salariés, de réactivité, d’image de marque et de productivité améliorée (même si 79  % des RSI ne constatent pas cette amélioration) rendent inimaginable, voire impossible, une interdiction complète de ces terminaux dans les murs de l’entreprise.

Le casse-tête de la gestion multi-plateforme

Le phénomène va d’ailleurs s’accélérer : 35  % des entreprises vont accroître le nombre de salariés équipés de tablettes média dans les 18 mois (dont 18  % d’ici 6 mois) et 27  % feront de même pour les smartphones (dont 17  % dans le semestre). Soit, pour les tablettes, l’équivalent des intentions d’équipement de PC portables (36  % dont 20  % les deux prochains trimestres). Du coup, près de la moitié (49  %) des services IT sont prêt à tolérer ces usages en les accompagnant d’une charte de règles d’utilisation. Au risque que celles-ci soient ignorées puisqu’aujourd’hui 73  % des utilisateurs se connectent au SI de l’entreprise sans en informer la DSI, quitte à contourner les mesures de sécurité. Et si 18  % des équipes IT sont prêtes à intégrer les nouveaux équipements dans le SI, 34  % font de la résistance en en refusant l’utilisation pure et simple.

Trop compliqué et risqué, selon eux. Si la sécurité inquiète entre 55  % et 59  % des DSI, la gestion multi-plateforme est leur premier souci pour 62  % (intégration de l’OS dans l’infrastructure) et 68  % (adaptation des applications) d’entre eux. Fini le temps où Windows unifiait tout. Il faut désormais composer avec iOS et Android… en attendant l’arrivée de Windows 8 l’année prochaine. Mais trop tard pour que le système s’impose. « Si Windows 8 atteint 20  % sur les tablettes se sera déjà bien », estime Philippe Bournhonesque, directeur stratégie Software Group chez IBM France. Il en profite pour rappeler que si « Windows 8 est très attendu notamment pour répondre à l’absence de fonctionnalités sur iPad propres au monde de l’entreprise, Apple réfléchit à la façon d’intégrer ces fonctionnalités ». L’iPad n’est donc pas prêt de quitter l’entreprise.

Windows devra cohabiter

Donc, Windows devra cohabiter et les DSI s’adapter. Et IBM entend bien les y aider en préparant une série d’outils adéquats. « Nous voulons proposer l’équivalent à WebSphere [plate-forme applicative web, NDLR], un socle pour répondre à la problématique de la mobilité », annonce Philippe Bournhonesque. Un socle à trois étages. Le premier vise à supporter le multi-environnement et simplifier les développements (c’est-à-dire développer une fois pour plusieurs environnements en mettant l’accent sur les applications web et le HTML5). Cela passera par une plate-forme d’outils de développement des applications mobiles, la Mobile Technology Preview.

IBM entend également répondre à l’attente en matière de création d’« App Store » propre à l’entreprise. Les applications internes pour les plates-formes mobiles sont demandées par 63  % des salariés alors que 10  % disent déjà en profiter. En revanche, 80  % des entreprises déclarent ne pas avoir de projet en ce sens. Probablement faute d’outils et, surtout, de temps pour la DSI. Enfin, le socle prévoit la gestion des applications et des terminaux (jusqu’à 250 000 par serveur selon la technologie Tivoli End Point issue du rachat de BigFix).

Des applications mobiles à foison

Ce premier étage s’accompagnera par un deuxième construit autour du service d’accompagnement des dirigeants et DSI (en commençant par assurer la sécurité avec une solution de chiffrement des terminaux en association avec Juniper Network), et un troisième qui se compose d’une offre d’applications mobiles déjà florissante : IBM Connections, LotusLive Meeting, Sametime pour l’aspect communication et réseau social, du commerce (Sterling Commerce, gestion de la chaîne d’approvisionnement…), de marketing, etc.

« IBM se met en ordre de marche sur la mobilité », déclare Philippe Bournhonesque qui ajoute que l’entreprise « est passé en mode BOYD [bring your own device, NDLR] en interne. » . De nombreuses annonces dans le domaine surgiront en 2012. Il n’en reste pas moins que les DSI prêts à évoluer restent minoritaires (18  %). « Ce sont les innovants, les autres suivront », se rassure le dirigeant convaincu que « tous les signaux disent que c’est un gros marché. ». Un marché qui, selon IDC, devrait progresser de 30  % jusqu’en 2015.

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