IBM offre la traduction aux militaires américains en Iraq

Un geste si inattendu que l’administration Bush a du mal à trouver le biais
pour l’accepter?

Le sergent Mark Ecker Jr, 21 ans, a sauté sur une bombe cachée sous le plancher d’une maison qu’il venait d’investir en Iraq. Son père est un spécialiste IBM des ventes de mainframes à East Longmeadow, au Massachussetts. Son histoire a ému ses collègues chez IBM, jusqu’à parvenir à Samuel Palmisano, le patron d’IBM?

Pour honorer le fils d’un de ses employés, gravement blessé en Iraq, IBM a fait un cadeau inattendu à l’armée américaine, d’une valeur de 45 millions de dollars, sa technologie de traduction de l’arabe vers l’anglais !

Cette technologie encore en phase de développement, le Pentagone la testait depuis quelques temps et envisageait de l’acquérir.

Samuel Palmisano a donc écrit à George Bush. Il lui a proposé de rendre sa technologie MASTOR (le logiciel Multilingual Automatic Speech Translator) « immédiatement disponible pour une utilisation par nos forces en Iraq. Nous espérons que cela va aider nos efforts. »

Un ‘cadeau’ d’une valeur de 45 millions de dollars, incluant la technologie, 10.000 copies du logiciel MASTOR, 1.000 appareils déjà équipés, ainsi que la formation et le support technique.

On image que la donation a été bien accueillie par les autorités administratives et militaires américaines, à l’exception pourtant de leurs légistes, qui en effet se sont vu contraints de la refuser? dans un premier temps. Car pour intéressant qu’il soit, il manque à ce don une légitimité !

« L’offre est sous évaluation actuellement. Nous ne pouvons l’accepter. Une partie de l’évaluation consiste à déterminer un chemin légal pour l’accepter« , a ainsi déclaré le colonel Gary Tallman, du Département américain de la Défense.

En cause, la position d’IBM au sein des fournisseurs de l’armée américaine. L’éditeur réalise annuellement avec le Département de la Défense un chiffre d’affaire annuel d’environ 3 milliards de dollars. Dans ces conditions, une telle donation pourrait être interprétée de différentes manières?

Surtout que BigBlue n’est pas le seul fournisseur de technologies de traduction de l’armée, et que cette technologie ne devrait pas être opérationnelle sur le terrain au mieux avant 2009.

Concrètement, jamais une telle dotation n’a été faite à l’armée américaine. Mais surtout elle pourrait créer un déséquilibre d’une part en offrant à IBM une position de fournisseur unique, ce que l’armée a toujours refusé, mais aussi en offrant une position de force à un acteur d’un marché particulièrement concurrentiel.

D’autant qu’en Iraq le commandement des forces alliées et le Pentagone testent d’autres technologies que celle d’IBM !

Les juristes, côté administration comme côté IBM, ont dû scruter la loi américaine pour s’assurer que le gouvernement Bush pouvait accepter ce don. Une première ! Mais la ‘raison’ l’a emporté, et l’armée s’est déclarée prête à accueillir d’autres dons du même type.

Le mot de la fin revient cependant au sergent Mark Ecker Jr, à l’origine de toute cette affaire : « Un traducteur ne m’aurait pas aidé dans ma situation?«