Pas d’intégration de données sans FinOps ?

Magic Quadrant 2022 intégration de données

Pour la première fois au Magic Quadrant de l’intégration de données, le FinOps est érigé en composante-clé. Comment se présente le marché ?

Le FinOps, un aspect clé dans les solutions d’intégration de données ? Gartner a choisi de l’évaluer comme tel dans son Magic Quadrant consacré à ce segment de marché. C’est la première fois qu’il en est ainsi. Son principal argument : les données infusent entre domaines et métiers, nécessitant d’autant plus d’encadrement… y compris des coûts.

D’autres éléments, sans être nouveaux au rang des « aspects clés », ont eu un poids important dans l’évaluation des fournisseurs. La capacité à exploiter les métadonnées actives en fait partie. Tout comme la réplication, dans un contexte d’adoption des lacs et entrepôts de données cloud.

Estimé à 3,8 Md$ en 2021, le marché est en croissance (+11,8 % sur un an). Ses leaders perdent du terrain : 52 % du marché est dans les mains des cinq principaux offreurs, contre 71 % en 2017. D’une part, parce que certains se concentrent sur d’autres composantes de leur portefeuille, à commencer par l’iPaaS pour Informatica et Talend. De l’autre, parce qu’émergent des solutions plus ciblées qui peuvent convenir à un type de traitement (ingestion, préparation, virtualisation…), à un cas d’usage ou à un type de données.

Ainsi sont-ils cinq à faire leur entrée au Quadrant. Quatre dans le carré des « acteurs de niche » (AWS, Hitachi Vantara, K2View, Software AG) ; un chez les « visionnaires » (Palantir).
Au total, 21 fournisseurs sont classés. Les sept « leaders » sont les mêmes que l’an dernier. À savoir Denodo, IBM, Informatica, Microsoft, Oracle, SAP et Talend.

AWS fait son entrée au Quadrant

Gartner juge les fournisseurs sur deux axes. L’un prospectif (« vision »), centré sur les stratégies (sectorielle, géographique, commerciale, marketing, produit…). L’autre centré sur la capacité à répondre effectivement à la demande (« exécution » : expérience client, performance avant-vente, qualité des produits/services…).

Sur l’axe « vision », les fournisseurs classés au Quadrant se placent dans cet ordre :

  Fournisseur Date de création
1 Informatica 1993
2 Oracle 1977
3 IBM 1911
4 Talend 2004
5 Palantir 2000
6 SAP 1972
7 SnapLogic 2006
8 Denodo 1999
9 Microsoft 1975
10 TIBCO Software 1997
11 K2View 2009
12 Qlik 1993
13 Precisely 1992
14 AWS 2012
15 Matillion 2011
16 Fivetran 2012
17 Software AG 1969
18 Hitachi Vantara 2017
19 SAS 1976
20 Safe Software 1993
21 CloverDX 2002

Sur l’axe « exécution » :

  Fournisseur
1 Informatica
2 Oracle
3 IBM
4 Microsoft
5 SAP
6 Qlik
7 Talend
8 Denodo
9 TIBCO Software
10 Precisely
11 SAS
12 AWS
13 Palantir
14 Fivetran
15 Matillion
16 SnapLogic
17 Software AG
18 Safe Software
19 Hitachi Vantara
20 K2View
21 CloverDX

Des stratégies hybrides efficaces…

Sur la partie métadonnées, Gartner attribue deux bons points. Un à SAP. L’autre à Talend. Ce dernier se distingue aussi sur le volet réplication, entre autres à la faveur de l’acquisition de Gamma Soft. Oracle aussi, en particulier à la faveur d’une API multithreadée et d’une architecture en microservices.

SAP a aussi pour lui la connexion de ses solutions d’intégration de données avec son écosystème logiciel. Ainsi qu’une stratégie efficace en matière de déploiements hybrides. L’offre de l’éditeur allemand est toutefois perçue comme chère, en dépit de la flexibilité du pricing. Le paramétrage initial peut par ailleurs se révéler complexe et les jonctions avec les produits non SAP sont limitées.

Talend bénéficie d’une autre appréciation favorable, sur la préparation et l’ingénierie des données. Il peut, en revanche, mieux faire sur l’observabilité. Tout comme sur le support (documentation plus fournie en exemples, messages d’erreur plus précis…) et sur la prévision des coûts pour son ETL Stitch.

Gartner salue l’équilibre qu’Oracle a trouvé entre sa plate-forme OCI et les déploiements multicloud. Il souligne aussi sa vision claire de la convergence entre intégration des données et des applications, matérialisée par des architectures de référence. C’est moins positif concernant l’adoption de ses solutions de virtualisation des données. Idem pour les aspects monitoring et résolution de problèmes. Son offre reste, en outre, perçue comme complexe.

… ou pas

La résolution de problèmes n’est pas non plus le point fort de Microsoft, chez qui l’intégration dans les architectures hybrides peut s’avérer complexe. Comme la prévision des coûts, en tout cas d’après certains clients. L’avis de Gartner est plus favorable sur trois points. Premièrement, l’intégration d’Azure Data Factory avec le reste des services cloud du groupe. Deuxièmement, la stratégie, équilibrée entre les usages globaux et ciblés. Troisièmement, les partenariats.

Gartner trouve aussi à redire sur la question des déploiements hybrides chez Denodo (configuration manuelle nécessaire). Configurer la sécurité des données (authentification, SSL) peut par ailleurs être compliqué. Le cabinet américain salue, en revanche, le modèle « Essayez avant d’acheter » à travers l’offre Denodo Express. Ainsi que l’efficacité de l’optimiseur de requêtes.

Du côté d’Informatica, on gagnerait à s’améliorer sur la partie DataOps : la clientèle a tendance à méconnaître les possibilités en matière d’orchestration ainsi que de gestion du changement et des versions. Autre point noir : la migration de l’offre PowerCenter vers Informatica Cloud. Un outil est fourni, mais payant.
Informatica brille davantage sur la gestion des données transactionnelles (architecture data hub). Mais aussi sur les possibilités d’automatisation de tâches et sur la tarification (fondée sur une forme de « crédits universels »).

Les trois points forts d’IBM ? D’un, une architecture modulaire sur base OpenShift. De deux, un portefeuille complet autant pour le transactionnel que l’analytique, avec des intégrations data quality/MDM/gouvernance. De trois, la qualité de mise en œuvre du modèle data fabric avec le Cloud Pak for Data.
IBM manque toutefois de clarté sur certaines migrations et mises à jour (best practices, portabilité des licences…). Ses outils de réplication manquent en outre de maturité ; en tout cas pour ce qui est de son outillage legacy. Et le marché continue à percevoir son offre comme onéreuse et complexe à implémenter.

Photo d’illustration © alphaspirit – Shutterstock