Intel aurait bénéficié d’aides publiques – affirme Bruxelles

Non seulement la Commission européenne ne veut plus que les pays de l’Union exigent les puces du fondeur lors des appels d’offre mais en plus, son concurrent AMD estime que le géant a influencé les distributeurs européens pour ne pas intégrer ses produits

La position de leader incontesté n’a pas que des avantages. Microsoft l’apprend à ses dépends et Intel, le premier fabricant mondial de puces, pourrait également subir les foudres des autorités anti-concurrentielles européennes.

En effet, le fondeur est au centre de plusieurs affaires qui risqueraient bien de lui coûter très cher. Ces dossiers concernent l’Europe et l’attitude d’Intel vis à vis des appels d’offres publics et vis à vis de son grand concurrent AMD. La Commission européenne est ainsi sur le point de lancer des procédures pour éviter que des micro-processeurs Intel ne soient exigés dans les appels d’offres publics à travers l’Europe, comme cela semble être le cas dans plusieurs pays, a-t-elle annoncé mercredi. Bruxelles a lancé des mises en demeure à l’Allemagne et l’Italie, qui ont deux mois pour communiquer les mesures prises pour éviter qu’Intel ne soit favorisé dans les appels d’offres lancés par leurs différentes autorités publiques, a expliqué Jonathan Todd, porte-parole du commissaire européen chargé du Marché intérieur Frits Bolkestein. Visiblement, Intel profiterait un peu trop de sa position dominante. Au point que certains de ses concurrents portent plainte. Si la Commission reconnaît l’existence de ces plaintes, elle refuse pour le moment d’en divulguer les auteurs même si tout le monde sait que son grand concurrent AMD en est certainement à l’origine. Bruxelles rappelle qu’une autorité qui passe un marché public pour des ordinateurs « n’a pas le droit » d’exiger que ceux-ci « contiennent des puces fournies par un fabricant donné ». Et d’ajouter, presque menaçant: « On espère pouvoir résoudre ceci sans qu’il ne soit nécessaire de poursuivre les procédures jusqu’à la Cour de justice européenne ». Mais Intel devra gérer un autre dossier. En effet, AMD, encore lui, tente de réunir des preuves démontrant qu’Intel a sciemment cherché à influencer les distributeurs de PC européens pour les inciter à ne pas intégrer les produits d’AMD. Pour y parvenir, AMD tente d’obtenir auprès de la Cour Suprême des Etats-Unis le contenu d’un dossier de 600.000 pages déposé devant la justice américaine et relatif à une autre procédure contre Intel. « Nous voulons nous assurer que les enquêteurs de la Commission européenne disposent de toutes les informations dont ils pourraient avoir besoin » a déclaré un représentant d’AMD. Et sans doute pousser la Commission, qui depuis trois ans n’a engagé aucune action, à avancer sur le dossier. La décision de la Cour Suprême pourrait avoir des répercussions immédiates tant sur les profits d’Intel que sur ceux d’AMD, selon son rendu, surtout après la condamnation de Microsoft qui a du refroidir plus d’un groupe américain présent en Europe.