Surprise : Intel présente des résultats financiers… en baisse !

La fin d’une époque diront certains. Intel est loin de la banqueroute, mais semble pour la première fois de son histoire attaquable par la concurrence.

Intel vient de livrer les résultats de son troisième trimestre d’activité 2015. Chose plutôt inédite, la firme présente un chiffre d’affaires en très léger rempli. Sur un an, il passe ainsi de 14,6 à 14,5 milliards de dollars.

Le bénéfice net de la société est en baisse de 6 %, à 3,1 milliards de dollars, et le gain par action recule de 3 %, à 64 cents. Bref, un trimestre en demi-teinte, même si Intel insiste sur le fait que la croissance est bien là… par rapport à Q2 2015.

De plus, si baisse il y a, elle reste modérée, et largement inférieure à celle attendue par les analystes, qui tablaient sur un chiffre d’affaires de 14,2 milliards de dollars et un bénéfice net par action de 59 cents. Ceci n’empêche pas le Nasdaq de rester prudent. L’action Intel cédait hier 0,53 % (à 32,04 dollars) et elle a plongé de 2,78 % (à 31,15 dollars) dans les échanges hors séance.

Les PC à la traîne

C’est bien entendu le marché du PC qui est la cause de cette (très relative) faiblesse des ventes d’Intel. Le Client Computing Group voit ainsi ses revenus tomber de 7 % sur un an, à 8,5 milliards de dollars.

Trois éléments sont à souligner ici. Tout d’abord, l’effondrement des ventes de PC, avec un phénomène inédit qui commence à se propager : certains utilisateurs, qui employaient un PC pour des tâches (Internet) de base, tendent aujourd’hui à ne pas le renouveler, voire à abandonner cette plate-forme au profit de smartphones et tablettes.

Intel a plutôt bien réagi sur le marché des tablettes, avec une gamme Atom efficace, qui trouve également place dans des machines deux-en-un. Hélas pour le fondeur américain, les marges sont ici plus faibles. Ceci se ressent d’ailleurs dans les résultats de la firme, avec une marge brute en repli de 2 points sur un an (à tout de même 63 %).

Enfin, le phénomène Windows 10 ne s’est pas encore fait sentir, les constructeurs de PC ayant eu de sérieux problèmes d’inventaire, retardant ainsi d’autant la sortie de nouvelles machines équipées des dernières puces d’Intel.

Les datacenters à la rescousse

Avec tous ces vents contraires, Intel aurait pu présenter de bien plus mauvais résultats. Mais la firme peut compter sur le marché des serveurs. Le Data Center Group voit ainsi son chiffre d’affaires grimper de 12 % sur un an, à 4,1 milliards de dollars. L’Internet of Things Group progresse pour sa part de 10 %, à 581 millions de dollars. Des hausses rapides, mais qui ne suffisent pas à compenser la baisse enregistrée sur le Client Computing Group.

Intel, un colosse aux pieds d’argile ? Nous n’irons pas jusque-là. La firme a en effet su montrer qu’elle était capable de retourner aisément un marché en sa faveur. L’Atom, qui a tué les smartbooks dans l’œuf et qui freine l’arrivée des serveurs ARM, est une des armes les plus efficaces d’Intel. Le Xeon Phi a su également montrer que le marché des supercalculateurs ne devait pas forcément être acquis aux GPU. L’annonce de technologies comme la mémoire 3D XPoint laisse augurer encore de beaux jours pour Intel.

Si le géant devrait encore régner longtemps en maître sur le marché des semi-conducteurs, il a perdu de sa superbe aux yeux de l’industrie. Petit à petit, de nouveaux acteurs (comme TSMC ou Samsung) et plates-formes processeur (comme l’ARM) montrent qu’il est possible de se hisser au niveau du numéro un. Au point d’un jour le dépasser ?

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