L’intelligence artificielle arrive en force (tribune)

D’abord cantonnée, aux exploits de Watson ou de Deepmind, l’intelligence artificielle se diffuse aujourd’hui dans les SI des entreprises, explique l’éditorialiste du CXP Benoit Herr. Le fruit des investissements massifs réalisés par les grands noms de l’IT.

Nous connaissons tous les « exploits » de Watson d’IBM ou de Google Deepmind Alphago, applications d’Intelligence Artificielle (IA) qui ont été largement médiatisées. Mais saviez-vous que lorsque vous utilisez Facebook ou Google, vous utilisez aussi – au moins en partie – une application d’IA ?

L’IA est entrée dans notre vie quotidienne au travers d’outils utilisés dans le monde entier, comme le contrôle automatique de passeports par exemple, basé sur la reconnaissance faciale, une discipline dont la fiabilité, aux dires des spécialistes, a dépassé celle de l’Homme en la matière dès 2006. Mais des outils que nous utilisons tous les jours, comme Google ou Facebook, mettent également les technologies de l’IA à profit : l’assistant personnel de Facebook utilise l’apprentissage pour décrire des images et le Knowledge Graph de Google utilise la sémantique pour produire des résultats structurés que l’on retrouve dans la partie droite de l’écran lorsqu’on fait une recherche et qui fournit des informations comme les horaires d’ouverture ou la description d’un lieu.

40 start-ups rachetées rien qu’en 2016

Les progrès réalisés par la recherche en IA cette dernière décennie ont été très importants dans de nombreux secteurs comme l’apprentissage automatique, l’apprentissage profond, les réseaux neuronaux, mais aussi la compréhension de la parole ou la traduction instantanée, les véhicules autonomes ou les robots. Ces avancées ont été rendues possibles notamment par des investissements massifs réalisés par les grands noms de l’IT, mais pas uniquement, dont Google, Amazon, Facebook, IBM, Microsoft, Apple, Oracle, Salesforce mais aussi AOL, Yahoo, Samsung, Uber, General Electric, Nokia ou encore eBay. Au total, ce sont des milliards de dollars investis en cinq ans et des dizaines de start-ups rachetées, dont 40 rien qu’en 2016. « Un mouvement colossal », pour Bertrand Braunschweig, directeur du centre de recherche Inria de Saclay – Île-de-France et spécialiste de l’IA.

Ce mouvement se traduit dans la pratique quotidienne par des applications nombreuses, qui touchent de plus en plus le monde de l’entreprise et notamment les grands pourvoyeurs de Big Data, comme les banques, les assurances, mais aussi le marketing ou la sécurité des lieux. L’application la plus « classique » reste l’agent conversationnel ou chatbot, que nombre d’éditeurs intègrent désormais dans leur offre. Détection de fraudes en tous genres, reconnaissance faciale et même filtres de spams sont autant d’applications dont le DSI doit désormais tenir compte dans sa stratégie. L’essor de l’IA est tel que les chercheurs ont ressenti le besoin d’encadrer son développement d’un point de vue éthique : 846 chercheurs spécialisés dans l’IA et la robotique et plus de 1 200 autres spécialistes se sont réunis en début d’année et ont édicté 23 principes baptisés « les 23 principes d’Asilomar », du nom de la ville californienne où a eu lieu la rencontre. Espérons que ces 23 principes serviront effectivement de guide.

Plus près de nous, David Gautier, senior consultant au CXP Group, animera à l’occasion du forum du 15 juin (dont Silicon est partenaire) une session appelée « Enrichir le système d’information avec l’Intelligence Artificielle », au cours de laquelle les types de solutions intégrant l’IA, les usages et l’impact qu’on peut en attendre sur le SI et sur les organisations seront détaillés. Une session indispensable.

Par Benoît Herr, éditorialiste au CXP

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