Internet : bloquer l’accès en Russie ? Hors de question !

La demande de l’Ukraine visant à révoquer les domaines de premier niveau russes a été rejetée par l’Icann, gestionnaire des noms de domaine et de l’adressage IP.

Révoquer les domaines de premier niveau russes et les certificats SSL associés ? Ou encore fermer les serveurs de DNS russes, comme l’a demandé Mykhailo Fedorov, vice-premier ministre et ministre de la transition numérique de l’Ukraine ? Il n’en est pas question lui a répondu en substance l’ICANN (Internet Corporation for Assigned Names and Numbers).

Dans sa réponse datée du 2 mars 2022, Göran Marby, président et CEO du gestionnaire des noms de domaine et de l’adressage IP, rappelle que l’Icann est un organisme technique « indépendant » en charge des identifiants uniques d’Internet.

« L’Icann est un facilitateur de la sécurité, la stabilité et la résilience de ces identifiants, dont l’objectif est celui d’un Internet unique, mondial et interopérable. En tant que coordinateur technique d’identifiants uniques pour Internet, nous prenons des mesures pour nous assurer que le fonctionnement d’Internet soit non politisé, et nous n’avons aucun pouvoir de sanction. Essentiellement, l’Icann a été créée pour garantir qu’Internet fonctionne, et non pour que son rôle de coordination soit utilisé pour l’empêcher de fonctionner », a-t-il souligné.

De surcroît, Göran Marby a déclaré que l’Icann n’a pas le pouvoir de réaliser ce que Mykhailo Fedorov a demandé le 28 fevrier dernier, après le lancement de l’offensive militaire russe.

Sécurité et stabilité d’Internet

Göran Marby a ajouté : « comme vous l’avez dit dans votre lettre, votre souhait est d’aider les utilisateurs à rechercher des informations fiables dans des zones de domaine alternatives et à prévenir la propagande et la désinformation. Ce n’est que par l’accès large et sans entrave à Internet que les citoyens peuvent recevoir des informations fiables et une diversité de points de vue. Peu importe la source, l’Icann ne contrôle ni l’accès à Internet, ni le contenu.  »

« Nous maintenons la neutralité et agissons en support de l’Internet mondial. Notre mission ne s’étend pas à la prise de mesures punitives, de sanctions ou de restrictions d’accès contre des segments d’Internet, quelles que soient les provocations », a indiqué le dirigeant de l’organisation basée en Californie.

La réponse de l’Icann fait suite à celle du RIPE NCC, registre Internet régional couvrant l’Europe, le Moyen-Orient et une partie de l’Asie centrale. L’Ukraine lui avait demandé de retirer à la Russie et ses registres Internet locaux (LIR) le droit d’utiliser les adresses IPv4 et IPv6 qui leur ont été attribuées. Et de bloquer les serveurs racines qui leur sont associés.

Le RIPE NCC a lui aussi refusé et a affirmé sa neutralité.

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