Internet: la France rattrape son retard

Grâce au haut débit, la croissance est tirée vers le haut. C’est la conclusion du bilan de l’ART.

Non, la France n’est plus le mouton noir des pays européens concernant le nombre de foyers connectés. Dans son dernier bilan de l’Internet, l’ART (Autorité de régulation des télécoms) constate que la France se situait désormais pratiquement au même niveau que des pays comme la Grande-Bretagne, l’Italie ou l’Espagne. Même s’il y a encore un écart avec les pays scandinaves.

Pour l’Autorité, ce « rattrapage » est dû à deux facteurs: le haut débit et les baisses tarifaires. 1,4 million des 9 millions d’internautes ayant un accès payant, recensés par les principaux fournisseurs Internet, possèdent une connexion ADSL (Asymmetric Digital Subscriber Line) tandis que 280.000 utilisent le câble. Et les abonnements sont en constante hausse. Des tarifs divisés par trois Grâce au dégroupage et aux efforts commerciaux des FAI, l’abonnement en bas débit a été divisé par trois depuis 1999. S’agissant de l’ADSL, la France est bien placée en Europe. Pour l’ADSL à 512 kbits/seconde, le prix se situe entre 29,9 euros et 45 euros contre 39 à 45 euros pour le câble. Points noirs Même si l’optimisme est de rigueur, l’ART relève néanmoins plusieurs points noirs. Le câble qui offre une alternative à la ligne téléphonique, peine à se développer. Un phénomène amplifié par les grands acteurs du câble comme Suez ou Canal Plus (groupe Vivendi Universal). Ces derniers veulent se désengager d’un secteur qui continue de perdre de l’argent et qui nécessite de lourds investissements pour séduire les clients. Quant à l’UMTS, la téléphonie mobile de troisième génération qui doit permettre d’accéder au Web en mobilité, cette technologie prend de plus en plus de retard. Tous ces éléments freinent le développement de l’Internet français. Pour l’ART, le développement de l’Internet repose toujours sur la dérégulation, le dégroupage. Mais l’Autorité souligne que le dégroupage n’était pas le seul élément pouvant aider le développement des accès Internet. Les nouveaux usages liés au haut débit et l’implication des collectivités locales pour offrir de nouveaux services aux administrés constituent également des moteurs de croissance. L’ART veut poursuivre son contrôle des réseaux

Si l’on suit à la lettre la future loi sur l’économie numérique, une concurrence semble se faire jour entre l’ART et le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA). Cette concurrence est liée à la convergence des supports et des contenus avec notamment l’apparition de la télévision sur les réseaux ADSL.

« Il est nécessaire que le législateur clarifie les choses en permettant au CSA de réguler les contenus et à l’ART de réguler les réseaux », a déclaré Paul Champsaur, président de l’ART, lors d’une réunion de presse consacré à Internet. Il a souhaité « une définition plus précise » de la notion de « communication audiovisuelle » afin qu’elle soit concentrée autour des programmes de télévision et de radiodiffusion. Paul Champsaur s’est défendu d’en faire « une affaire de territoire » entre l’ART et le CSA. Il a néanmoins ajouté que « les milieux audiovisuels étaient préoccupés par le piratage », semblant indiquer que le CSA devrait s’en occuper.