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Jean-Paul Argudo, Dalibo : «Le marché PostgreSQL en France augmente de 30% tous les ans»

L’outil de gestion des bases de données open source PostgreSQL monte en puissance. Portrait de l’un des acteurs les plus réputés du monde PostgreSQL français, Dalibo. Son directeur général, Jean-Paul Argudo, nous explique le mode de fonctionnement très particulier de cette société de services. Une façon de découvrir Dalibo, mais aussi les nouveaux modèles de fonctionnement proposés par les entreprises gravitant autour des logiciels libres.

Silicon.fr – Quelle est l’origine de Dalibo ?

Jean-Paul Argudo – Il y a une dizaine d’années, la communauté francophone de PostgreSQL s’est structurée pour faire la promotion du logiciel et traduire la documentation en français. Très vite, les demandes de services professionnels sont arrivées et certains membres de la communauté ont créé Dalibo pour répondre à ces besoins. Aujourd’hui, la société n’oublie pas d’où elle vient et garde des liens très forts avec la communauté francophone en soutenant ses différentes actions.

Notre manière de fonctionner est assez proche du fonctionnement du projet PostgreSQL lui-même : autonomie, esprit collaboratif et transparence. Dalibo est basée au centre de Paris, près de la Bourse, mais une partie de notre équipe technique est répartie sur le territoire français : Lyon, Nantes, Strasbourg, etc.

Par ailleurs, nous avons opté pour un statut de coopérative (SCOP) qui permet à chaque salarié qui le souhaite de devenir associé et de s’impliquer dans la gestion de la société. C’est un principe très proche des valeurs de l’open source. De plus, ce fonctionnement coopératif est une garantie de stabilité et de pérennité pour nos clients.

Quel est votre modèle économique et qui sont vos clients ?

Dalibo propose un panel de services complet autour de PostgreSQL : étude, formation, industrialisation, migration, etc. Notre activité principale est le support.

À ce jour environ 75% de notre chiffre d’affaires provient de souscriptions annuelles de la part de sociétés qui nous font confiance pour assurer la disponibilité et les performances de leurs bases PostgreSQL. Ce modèle assure notre stabilité et nous permet de consacrer 20% de notre temps en R&D pour la création et la maintenance d’outils open source.

Nous travaillons dans tous les secteurs de l’économie et plus particulièrement avec la plupart des enseignes de la grande distribution et avec les opérateurs télécoms majeurs. Historiquement, nous sommes également très présents dans le secteur public (Insee, Urssaf, ministères et autres collectivités locales) depuis que nous avons assisté la Caisse Nationale des Allocations Familiales lors de son passage à PostgreSQL en 2008.

Quid de la concurrence ?

Notre concurrent c’est Oracle. Ainsi que tous les autres SGBD propriétaires. Nous sommes là pour proposer une alternative technique, mais aussi un changement radical dans la relation commerciale. L’idée est simple : le coût exorbitant des licences des SGBD propriétaires peut être transféré vers de la formation, de l’assistance, du support… Au lieu de payer une véritable redevance à un éditeur américain, les sociétés qui font le choix de PostgreSQL orientent leurs budgets vers des prestations de services adaptées à leurs besoins, fournies par des sociétés locales.

D’un point de vue technique, PostgreSQL n’a plus rien à envier aux SGBD propriétaires leaders du marché. Sur le NoSQL, sur les bases de données fédérées et le support des nouveaux formats comme JSON, nous sommes nettement en avance et cités en exemple.

D’ailleurs la question n’est pas tant de savoir si PostgreSQL est devant ses concurrents aujourd’hui… Le vrai enjeu ce sont les 4-5 années qui viennent avec des changements majeurs devant nous : le stockage avec les disques SSD, le besoin d’interopérabilité issu du mouvement Open Data, le Big Data et les gestions des fortes volumétries ou encore la sécurité des données.

Comment envisagez-vous l’évolution de l’adoption de PostgreSQL ?

Le marché PostgreSQL en France augmente de 30% tous les ans. Notre chiffre d’affaires progresse de la même façon depuis plusieurs années et il n’y aucun signe de ralentissement. Bien au contraire.

Nous ne souhaitons pas grandir démesurément, mais le succès grandissant de PostgreSQL nous pousse à rechercher en permanence de nouvelles compétences. À ce jour, nous prévoyons un doublement de l’équipe d’ici 2 ans.

Nous voyons également la demande PostgreSQL se segmenter et nous ne cherchons pas à être dans une position monopolistique sur le marché français. Au contraire, nous souhaitons favoriser l’éclosion d’un écosystème PostgreSQL local composé d’acteurs différenciés pour satisfaire tous les besoins. Concrètement, cela signifie établir des partenariats avec des formateurs, des indépendants et des sociétés de services généralistes.

Des expériences sont en cours dans ce domaine et devraient déboucher sur des annonces courant 2014.

Y a-t-il suffisamment de compétences PostgreSQL sur le marché français ?

Non ! C’est le frein numéro 1 de l’adoption de PostgreSQL actuellement. Nous mettons en garde tous nos clients face à ce risque, qui constitue l’un des « coûts cachés » du modèle open source. Installer PostgreSQL est une décision simple et gratuite, mais la pénurie de ressources compétentes entraine une flambée des salaires des DBAs PostgreSQL, quand on a la chance d’en trouver un…

Face à cette situation, Dalibo apporte plusieurs réponses : tout d’abord notre cursus de formations peut « convertir » un DBA Oracle à PostgreSQL en quelques jours… En effet, nous préconisons toujours à nos clients de s’appuyer sur les équipes internes et le savoir-faire existant. Ensuite, notre support PostgreSQL intègre un volet « transfert de compétences » avec un accès direct à notre base de connaissance, ce qui permet aux DBAs débutants d’élever progressivement leur niveau.

Enfin, de manière plus globale, nous organisons des ateliers gratuits et ouverts à tous pour faire découvrir PostgreSQL. Nous travaillons aussi avec des écoles et des universités pour que PostgreSQL soit mieux représenté dans l’enseignement secondaire. Il s’agit d’une démarche sur le long terme qui devrait porter ses fruits d’ici quelques années.


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Quiz Silicon.fr – Connaissez-vous les logiciels open source ?

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