Jerry Yang abandonne la direction de Yahoo

Un an et demi après son retour, le cofondateur du portail paye notamment le prix du rapprochement raté avec Microsoft

La tête de Jerry Yang a donc fini par tomber. Ce lundi soir, Yahoo a annoncé que son p-dg quitte la direction du portail. Son départ sera effectif dès que le conseil d’administration lui aura trouver un successeur.

Les commentaires officiels jouent la carte de l’entente cordiale.« C’est le bon moment pour réaliser la transition vers un nouveau p-dg qui permettra au groupe d’accéder au niveau suivant », a expliqué le président du conseil d’administration Roy Bostock, cité dans le communiqué.

« Quand le conseil d’administration m’a demandé de devenir p-dg et de conduire la transformation du groupe, je l’ai fait parce qu’il était important d’adapter son activité à une nouvelle époque pour engranger plus de croissance »,a dit pour sa part Jerry Yang. « Ayant engagé Yahoo! sur un nouveau chemin, il est temps pour moi de transmettre mon rôle de p-dg (…) à un nouveau leader », a-t-il ajouté.

« Je vais continuer à me concentrer sur la stratégie globale », a-t-il encore déclaré. En effet, l’homme de 40 ans restera membre du conseil d’administration.

Derrière ces déclarations convenues, ce départ sonne comme la conséquence d’une stratégie ratée. En juin 2007, Jerry Yang avait été rappelé à la tête de Yahoo!, qu’il a cofondé à l’âge de 26 ans avec David Filo en 1995. Objectif du nouveau patron : repositionner et redresser la société face au géant Google.

Si Jerry Yang affiche alors quelques réussites, notamment dans la recherche mobile, sur Internet, c’est une autre histoire. Distancé par l’ogre de Mountain View, Yahoo s’est vite retrouvé fragilisé et est devenue une proie idéale pour Microsoft. La firme de Redmond propose alors au printemps dernier 47 milliards de dollars pour le portail. Mais toutes les propositions de Redmond sont rejetées par Yang malgré l’hostilité de certains actionnaires dont Carl Icahn qui a tout fait pour mener à bien le mariage.

Dans le même temps, à cause de cette stratégie et le de la crise financière, l’action de Yahoo dégringole. Elle se retrouve aujourd’hui autour des 10 dollars alors qu’elle valait 30 dollars au moment de l’OPA de Microsoft. Depuis le 1er janvier, la valeur boursière du portail a fondu de 40%, à ce jour, sa capitalisation n’est plus que de 19 milliards de dollars. Autant d’éléments qui ont créé une hostilité de taille chez les actionnaires.

Cerise sur le gâteau, Yahoo pense trouver son salut à travers un ambitieux accord publicitaire avec Google. Mais le pacte qui permet aux deux partenaires de contrôler 75% de la publicité en ligne issue des moteurs de recherche inquiète les autorités de la concurrence européennes et américaines. Las, Google jette l’éponge et laisse à nouveau Yahoo seul.

Paniqué, Jerry Yang, retourne sa veste et fait du pied à Microsoft, déclarant sans s’étouffer que « la meilleure chose pour Microsoft serait d’acheter Yahoo ». Microsoft lui rit au nez… Ultime échec qui aura précipité la chute du p-dg.

Désormais, les paris vont bon train pour dire qui remplacera Yang. Pour les analystes, Jon Miller, ancien dirigeant d’AOL, Peter Chernin, de News Corp., ou Meg Whitman, ex-présidente d’eBay, sont de possibles candidats. On évoque aussi Dan Rosensweig, ancien directeur général adjoint de Yahoo! et Sue Decker, actuelle numéro deux du groupe.

Dans tous les cas, le nouveau patron aura du pain sur la planche. Isolé, Yahoo souffre et a mis en place un important plan d’économies et va supprimer 1.500 postes. Il faut dire que Yahoo se fait distancer dans la publicité en ligne et dans le même temps, les annonceurs réduisent leurs investissements.