Jim Wasko, IBM : « Linux est partout, de l’embarqué aux mainframes »

Jim Wasko, IBM © Silicon.fr

Afin de dynamiser son offre Power, IBM mise sur Linux. Mais également sur l’hyperviseur KVM et la suite cloud OpenStack.

En 1999, IBM décidait de se pencher de près sur le noyau Linux, alors en pleine ascension. Annonce suivie en 2001 de l’investissement d’un milliard de dollars dans cette technologie open source.

« Linux est aujourd’hui présent sur toute la gamme de serveurs, mainframes et systèmes de stockage d’IBM », expliquait il y a quelques jours Jim Wasko, directeur du Linux Technology Center d’IBM, lors de la session inaugurale de la SUSECon 2013, la manifestation organisée par SUSE en Floride.

Dans une interview accordée à Silicon.fr, Jim Wasko (notre photo) explique que « Linux est partout, de l’embarqué aux mainframes. C’est un système très adaptable. Linux est transversal dans le monde des OS, tout comme KVM l’est pour la virtualisation ou OpenStack dans le Cloud. »

1 milliard pour ‘Linux on Power’

Le milliard investi au début des années 2000 concernait le Software Group d’IBM dans son ensemble. L’objectif était alors d’amorcer la transition vers Linux au sein de la firme.

Plus récemment, Big Blue a débloqué un autre milliard de dollars. Mais pour des raisons totalement différentes cette fois-ci : la promotion de Linux sur la plate-forme Power (voir « IBM débloque 1 milliard de dollars pour promouvoir Linux sur la plate-forme Power »).

« Sur les mainframes, l’arrivée de Linux a été un succès », constate Jim Wasko. Un phénomène que Big Blue aimerait reproduire sur les serveurs Power. Alors que les applications critiques tendent à basculer des serveurs RISC UNIX vers des machines x86 Linux, IBM espère imposer une nouvelle tendance : le RISC Linux. C’est l’offre PowerLinux.

Une gamme qui se veut axée aujourd’hui sur les OS de deux acteurs : SUSE et Red Hat. « Si une autre offre est demandée par nos clients, nous la supporterons », précise notre interlocuteur.

KVM comme fer de lance de la virtualisation

L’annonce du développement d’une version de l’hyperviseur KVM adaptée à l’architecture Power (elle sera rendue disponible en 2014) s’accompagne de plusieurs éléments.

Le premier, et non des moindres, est qu’IBM rejoint la communauté KVM et entend bien faire progresser cette offre afin qu’elle gagne en fonctionnalités en termes de gestion des ressources et d’adéquation aux applications critiques. « Nous voulons que KVM offre les mêmes possibilités qu’un VMware ESX », explique Jim Wasko.

Le second, souligné par Jeff Scheel, ingénieur en chef PowerLinux chez IBM, est que KVM est un élément requis pour passer à l’étape suivante : le cloud OpenStack. En effet, OpenStack est compatible avec KVM, mais pas avec l’hyperviseur actuel d’IBM, PowerVM.

Au-delà de PowerLinux…

Le mouvement devrait prochainement s’accélérer. En effet, le consortium OpenPower, qui regroupe aujourd’hui IBM, Google, Mellanox, Nvidia et Tyan, pourrait avoir d’importantes retombées pour cette architecture processeur.

  1. Il est confirmé que le Power8 proposera des entrées sorties plus standards, notamment PCI Express et Ethernet (Lire Le Power8 d’IBM sera jusqu’à trois fois plus véloce que le Power7). Le processeur pourra de surcroit être fabriqué sous licence par d’autres sociétés.
  2. Il est probable que le système d’exploitation Debian, largement utilisé par Google, monte en puissance sur cette architecture. Jim Wasko nous précise que Fedora et openSUSE pourraient connaître le même essor sur Power. Un point à confirmer.
  3. Il est possible, Google évitant le matériel propriétaire et Tyan construisant des cartes mères, que des serveurs Power8 « non IBM » deviennent accessibles. C’est aujourd’hui le point d’interrogation principal de cette initiative… et aussi le sujet le plus intéressant pour le futur de cette technologie.
  4. Le consortium OpenPower a pour objectif une mutualisation des efforts autour de la plate-forme Power. Mutualisation proche de celle mise en place chez d’autres acteurs comme ARM (autour des cœurs de processeur). Y aura-t-il un match entre Cambridge (ARM) et New York (IBM) ?

Crédit photo : © Silicon


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