L’ ordinateur portable du MIT à 100 dollars? Dès novembre…

Le concept d’ordinateur portable à 100 dollars du Media Lab du MIT va devenir une réalité, la manivelle pour recharger sa batterie en plus?

Voici quelques semaines, nous évoquions un projet du Media Lab, le laboratoire de recherche du MIT (

Massachusetts Institute of Technology) visant à produire un ordinateur portable au prix de 100 dollars destiné à l’éducation dans les pays défavorisés. Nicholas Negroponte, initiateur du Media Lab et de son projet, vient d’annoncer que sous l’égide des Nations Unies, le projet va devenir une réalité. Il sera même lancé à l’occasion du sommet mondial sur la société de l’information (SMSI), qui se déroulera en novembre à Tunis. « Dans les pays émergeants, l’avenir n’est pas la connectivité. Ce n’est pas encore résolu, mais certaines personnes y travaillent, en Wi-Fi, 3G, 4G, etc. Pour l’éducation, la direction c’est le laptop » , a-t-il déclaré. L’ordinateur disposera d’un processeur à 500Mhz, d’une mémoire flash de 1Go, d’une carte Wi-Fi et de 4 ports USB. Il sera semble?t-il doté de capacités de téléphonie mobile. Via Wi-Fi ? Chaque ordinateur sera un n?ud d’un réseau en P2P (peer-to-peer) pour partager une connexion Internet. Son écran est déclaré révolutionnaire : d’une taille de 12 pouces, il s’affichera en couleur ou en noir et blanc, par pression d’un bouton ou selon la luminosité ou l’usage déterminé par un ‘switch‘ logiciel. Le prix de l’écran est estimé à 35 dollars ! Son système d’exploitation sera Linux. Autres originalités de cet ordinateur portable à 100 dollars, sa solidité et son alimentation. Destiné à l’enseignement dans les pays défavorisés, le matériel se devra d’être « indestructible« , selon son concepteur. En revanche, pour résoudre la question de l’alimentation électrique, souvent absente dans ces pays, en plus de se recharger sur une source électrique, il incorporera une manivelle pour pouvoir le recharger manuellement avec un rapport de 1 à 10 : une minute de manivelle pour 10 minutes d’utilisation. La coque sera très probablement en caoutchouc. Refermé, l’ordinateur portable adopte la forme d’une valisette, dont la batterie sert de poignée. Et il pourra être utilisé dans différentes configurations : ordinateur, livre électronique, télévision, tablette pour écrire ou dessiner. Une des grandes inquiétudes du projet porte sur les risques de détournement. « C’est un problème pour nous si les ordinateurs portables disparaissent à la douane ou sont volés. Nous voulons une machine qui est si distinctive que ce sera comme de voler un camion des postes« . Alors le Lab réfléchit au marquage de l’ordinateur au nom de l’enfant à qui il sera destiné. Plusieurs pays ont affiché leur intérêt pour le projet, dont la Chine, l’Egypte, la Thaïlande, le Brésil, l’Afrique du Sud. Plus surprenant, l’Etat du Massachusetts s’est aussi déclaré intéressé, au profit des écoles des quartiers défavorisés, avec une prévision de commande de 500.000 machines. Pragmatique, Nicholas Negroponte prévoit aussi un système de licence, destinée à financer le projet en permettant de commercialiser le produit au prix d’environ 200 dollars, dont une partie reviendrait au Media Lab. La fabrication en volume, 5 à 15 millions d’appareils, devrait débuter avant la fin 2006. Au final, son concepteur envisage la fabrication de 100 à 150 millions de machine jusqu’en 2007. Projet très ambitieux, c’est trois fois le volume actuel d’ordinateurs portables livrés dans le monde ! Pour accompagner son projet, Nicholas Negroponte a créé une organisation sans but lucratif, One Laptop Per Child (OLPC), annoncée au Forum de Economique de Davos. Plusieurs partenaires industriels y figurent, dont AMD, Google, News Corp et Red Hat. Le projet pourrait cependant se heurter au prix. « 100 dollars, c’est encore trop cher« . Chaque gouvernement qui adhèrera au programme devra en effet s’engager à régler d’avance pour 1 million d’ordinateurs. Mais Nicholas Negroponte a précisé: « Nous avons confirmé aux gouvernements que notre prix va flotter et qu’il baissera dans le temps« . Quant au verrouillage des accès Internet vers des sites prohibés, le programme, pragmatique, se fie à l’éducation portée aux enfants et leur responsabilisation. Mais le Lab y travaille… Nicholas Negroponte fait cependant appel à l’indulgence : « La pornographie utilise des pages imprimées, mais Gutenberg [l’inventeur de l’imprimerie] n’en est pas pour autant responsable!« .