LA CITÉ DES SITES : La Comédie-Française, site très classique

La Cité des Sites vous invite au théatre, du Vieux-Colombier à la Comédie Française…

Qui est Louise Marion ? Elle a créé en 1914, quelques mois avant la guerre, le rôle de Lechy Elbernon dans L’Échange, de Paul Claudel, au théâtre du Vieux-Colombier, dans une mise en scène de Jacques Copeau, qui jouait, et ça lui allait très bien, Thomas Pollock Nageoire. Charles Dullin qui était alors jeune et sans doute beau, était Louis Laine et Marie Kallf Marthe. Plus personne ne sait qui était Louise Marion. Elle n’est citée nulle part et il a fallu que je consulte la fille cadette de Paul Claudel pour savoir qui avait créé Lechy Elbernon. Pourquoi sortir d’un injuste oubli Louise Marion ? Parce que, sur le site du Vieux-Colombier, on a changé son prénom : elle est devenue Madeleine Marion, pensionnaire actuelle de la Comédie-Française, qui était loin d’être née en 1914. Une autre erreur : https://vieux.colombier.free.fr, qui nous accueille avec des roucoulements de colombes, lie à L’Échange 1914 la photo de l’admirable Ludmilla Pitoeff qui, certes, a joué Marthe de L’Échange, mais plus tard et pas au Vieux-Colombier. Le passé du théâtre est tout de même bien évoqué, depuis sa naissance sous Jacques Copeau jusqu’à son incorporation à la Comédie Française. « Quelques dates : en 1975, le théâtre du Vieux-Colombier est menacé de disparaître. Les comédiens se mobilisent et manifestent devant le théâtre. En 1978, il est classé monument historique. En 1986, il est racheté par l’Etat. 1993 : fin des travaux. Réouverture sous Jacques Lassalle, administrateur de la Comédie Française.» Depuis la fin des années 40, le Théâtre-Français a toujours ressenti la nécessité de s’agrandir ou, plutôt de s’extrapoler. Il y eut d’abord, en 1946, l’Odéon, devenu la Salle Luxembourg, qui connut ensuite des destins divers, voire héroïques. On parla un temps du Théâtre des Champs-Élysées, puis du Palais-Royal qui est à un jet de pierre de la Comédie Française. Enfin, on pensa au Vieux-Colombier, salle au grand passé, de dimension modeste, ce qui permet de ne pas dupliquer les spectacles de la rue de Richelieu. Et enfin ? mais il paraît que ce ne serait pas fini, quelqu’un eut l’idée du Studio-Théâtre, place de la Pyramide-inversée dans l’enceinte du Louvre. «Ouverte en novembre 1996, cette petite salle de 136 places, installée au coeur du prestigieux centre commercial du Carrousel du Louvre, est consacrée aux formes brèves. Les Comédiens-Français y donnent cinq spectacles par saison d’une durée d’une heure, à 18 h 30. À l’affiche également, des lectures dans le cadre de « Un auteur, un acteur »…» La Comédie Française Et voilà les décors plantés. La Comédie Française peut accomplir sa mission plus que tricentenaire de, oui, j’oserai le dire, de théâtre populaire. Tous les milieux ont fréquenté ou fréquentent, d’abord, ce très beau théâtre placé au centre géographique et historique de Paris, théâtre vaste, ouvert où chacun respire. Rappelons toutefois que l’ensemble de l’immeuble tiendrait sur la seule scène de l’Opéra-Garnier! «J’étais seul, l’autre soir, au Théâtre Français, Ou presque seul ; l’auteur n’avait pas grand succès. Ce n’était que Molière, et nous savons de reste Que ce grand maladroit, qui fit un jour Alceste, Ignora le bel art de chatouiller l’esprit Et de servir à point un dénouement bien cuit.», écrivit Alfred de Musset, rendant un éloquent hommage à Molière. Depuis Musset et le temps des néo-classiques, tout a changé et la Comédie-Française joue très souvent à bureaux fermés. N’empêche qu’elle a peut-être gardé rancune à l’auteur de Badine qui, jusqu’aux années 50, accompagné de sa muse, avait une statue (on la voit à la droite de l’image reproduite ci-dessous). Depuis, elle est inexplicablement reléguée au Parc Monceau. Et maintenant, devant le théâtre, on peut voir une entrée de métro réalisée sous l’égide de Jean-Michel Othoniel et baptisée, paraît-il, le « Kiosque des noctambules« , une sorte de cage multicolore qui aurait sa belle place dans un tout autre quartier? Il y a à l’extérieur du théâtre un bureau où sont mis en vente très peu de billets au dernier moment. Autrefois ce bureau était un lieu festif où de très nombreux habitués de tous âges se retrouvaient et l’on pouvait acheter très bon marché aussi d’excellentes places de parterre, au fond de l’orchestre. C’est ainsi que j’étrennai ma fréquentation de la Comédie-Française en assistant au Gendre de Monsieur Poirier, pièce bourgeoise, avec Denis d’Inès qui avait fait son nom de l’anagramme de son prénom et qui poursuivait l’éducation de ses élèves jusque sous les allées du Palais-Royal, et à une petite pièce célèbre de Tristan Bernard, L’Anglais tel qu’on le parle, interprétée par un récent, fugitif et génial pensionnaire, Raimu. Des pièces, à ne pouvoir les citer toutes Combien, combien de pièces furent illustrées par la Comédie-Française ! Je ne vais pas les citer toutes mais évoquons d’abord Hernani qui, en 1830, célébra la naissance du romantisme ? et dans quel tohu-bohu ! Victor Hugo avait 28 ans et l’autre auteur que j’évoquerai en avait 75 ans. Il s’agit de Paul Claudel dont la création par Jean-Louis Barrault du Soulier de Satin obtint, quoiqu’on fût sous l’Occupation, un véritable triomphe. Claudel était certes connu mais il devint illustre ? et le succès ne se démentit jamais. Le site propre du Français, www.comedie-francaise.fr, est très prolixe. Il donne une vue générale précise. Par exemple : « Les pièces de théâtre jouées sur la scène de la salle Richelieu, une fois inscrites au répertoire de la Comédie-Française, font l’objet d’un comptage spécifique. Les registres journaliers, tenus depuis le XVIIe siècle, donnent en particulier la distribution de chaque pièce, leur quantième de représentation et les recettes. Ces données statistiques permettent de suivre l’état des représentations de chaque pièce par année, par décennie, par siècle. Plusieurs pièces de Molière totalisent le plus grand nombre de représentations depuis 1680, la première étant Tartuffe, qui a dépassé le seuil des 3000 représentations au cours de l’année 1997. Elles sont suivies par des pièces de Corneille, Racine, Beaumarchais, Musset, Regnard,Dancourt, Marivaux, Hugo…» On voit ainsi que Molière ? à tout seigneur !- est l’auteur le plus joué : 32746 fois jusqu’au 31 décembre 1997. Suivent Racine, Corneille, Musset ? eh oui !- ; Marivaux. On trouve aussi Brueys et Palaprat 2097 fois, Louis de Boissy ou Fagan de Lugny? Il y a la biographie complète, comprenant aussi ce qu’ils ont pu faire en dehors du Français des sociétaires de tous les temps et des pensionnaires actuels. Les pensionnaires sont également énumérés depuis la Libération et l’on apprend ainsi que Maria Casarès et Jean Marais furent, chacun, engagés pendant deux ans. «Troupe permanente la plus ancienne dans le monde occidental, issue du regroupement, en 1680, de la troupe de Molière jouant à l’Hôtel de Guénégaud et de celle de l’Hôtel de Bourgogne, les statuts de la Comédie-Française prévoient qu’elle peut regrouper jusqu’à 70 comédiens. Aujourd’hui elle est composée de 40 sociétaires et 23 pensionnaires. Réunis par un acte notarié au sein de la société des Comédiens-Français, les sociétaires prennent une part active à la vie du théâtre, et élisent chaque année ceux d’entre eux qui siègeront au comité d’administration. Ces derniers sont consultés pour les décisions les plus importantes qui régissent le théâtre, et chaque membre exerce à tour de rôle la charge de semainier, par laquelle pendant une semaine, il assiste à toutes les représentations, veille à leur bon déroulement et prend si besoin est, les décisions qu’il juge nécessaires. Sociétaires et pensionnaires doivent réserver à la Comédie-Française la totalité de leurs activités professionnelles. Avec l’accord préalable de l’Administrateur général, ils peuvent cependant obtenir un congé ponctuel pour faire du cinéma, de la télévision ou du théâtre hors de Paris. À Paris, ils peuvent, à titre exceptionnel, jouer dans un autre Théâtre national.» Ce site est un véritable album qu’on ne se lasse pas de consulter. Louis FOURNIER