La confiance numérique, une opportunité pour les opérateurs

Pour Carlos Lopez Blanco, de Telefónica, les opérateurs doivent retisser des liens avec leurs clients en protégeant leurs données. Une vision partagée par Orange.

La confiance peut-elle constituer un nouveau modèle économique pour les opérateurs ? C’est la question qu’a - faussement - posée Carlos Lopez Blanco en charge de la régulation et des affaires publiques chez Telefónica dans le cadre du Digiworld Summit 2016 à Montpelliers dont la 38e édition était portée par la thématique de la confiance dans l’économie numérique. Faussement car le responsable y a répondu sans ambiguïté dès le début de son intervention. « Le rôle d’un opérateur est de donner au client le contrôle de sa vie numérique. » Car, aux yeux de Carlos Lopez Blanco, il ne fait aucun doute que l’utilisateur a perdu ce contrôle au profit des acteurs du Web, Google, Facebook et consorts, les OTT.

Carlos Lopez Blanco , responsable des affaires publiques de Telefónica.
Carlos Lopez Blanco , responsable des affaires publiques de Telefónica.

Un contrôle qui passe inévitablement par la donnée, ce pétrole de l’économie numérique qui « révolutionne l’économie ». Et de citer l’incontournable exemple d’Uber qui remet en question le modèle des taxis. « Si les taxis ont un problème avec l’économie numérique, alors tout le monde a un problème. » Mais cette crise provoquée par la révolution numérique s’inscrit comme une opportunité pour les opérateurs. Lesquels, en apportant la connectivité, en assurant l’opérationnel, l’IT et la facturation, ainsi que les produits et services, ont accès aux données, peuvent les traiter et les exploiter. Ce que Carlos Lopez Blanco définit comme la 4e plate-forme.

Se diversifier des OTT

Une plate-forme qui fournirait un espace de données propre aux opérateurs d’une part, et un espace de gestion pour les utilisateurs d’autre part. Ils pourraient alors choisir s’ils souhaitent que leurs informations soient exploitées, ou pas, et comment. « Nous devons nous différencier des OTT, martèle l’intervenant, nous sommes payés par nos client nous devons les respecter. » Autrement dit ne pas exploiter les données pour vendre de la publicité aux utilisateurs mais leur proposer des services. Qui restent à développer.

De l’autre côté, l’analyse des données aide l’opérateur à prendre des décisions comme la programmation de campagnes contextuelles en temps réel, les recommandations de vidéo, le choix de déployer de la fibre ou de la 4G dans telle ou telle zone en priorité, etc. Mais à condition de « créer de la confiance numérique en apportant la transparence, le respect de la vie privée et la sécurité, trois aspects d’une même réalité ». Une approche qui, selon Carlos Lopez Blanco, renforcera le lien qui unit l’opérateur à son client et limite ainsi ses tentations d’aller voir ailleurs.

Même approche chez Orange

Ramon Fernandez, responsable de la finance et stratégie d'Orange.
Ramon Fernandez, responsable de la finance et stratégie d’Orange.

Une approche que partage Ramon Fernandez même si le directeur général adjoint d’Orange responsable de la finance et stratégie le dit autrement sur la scène du Corum. « Dans le monde numérique, les frontières de la vie privée sont repoussées, vos données se répandent partout et les attaques augmentent, ce qui constituent un vrai risque pour les entreprises. » Un risque auquel Orange entend répondre en proposant un « trust framewok » qui « renforcerait le client ». Un cadre de confiance construit, selon l’intervenant, sur la base de la qualité du réseau (qui demande de lourds investissements), sur la qualité du service (notamment opéré dans les environnements commerciaux qui ont l’avantage d’offrir un contact humain « face à face ») et en protégeant les données des utilisateurs « par la sécurité, le contrôle, la transparence et le support ».

Trust framework ou 4e plateforme, quel que soit l’appellation, pour Google, c’est avant tout la sécurité qui compte. Senior product manager, Cloud security & risk, Andy Chang est venu présenter l’approche méthodologique du géant de la recherche pour sécuriser la donnée. Une approche simple qui consiste à… tout sécuriser. « La défense se fait à grande échelle par défaut », a indiqué le responsable. Autrement dit, du hardware aux usages en passant par le réseau, les applications, le stockage ou les OS, les neuf couches opérationnelles dans les datacenter de Moutain View sont sécurisées et vérifiées à chaque étapes de leur sollicitation. Il faut croire sur parole le responsable qui illustre la stratégie de Google par les programmes de sécurité mis en place (comme l’initiative Project Zero visant à dénicher et réparer les vulnérabilités exploitées) et les 600 ingénieurs quotidiennement dédiés à ces tâches sécuritaires. Si Google protège les données de ses utilisateurs, Andy Chang n’a pas précisé en revanche ce que la firme américaine en faisait.


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