La fibre optique concurrencée par l'ADSL en France?

Sur les plus de 20 millions d’abonnés Internet en France, moins de 80.000 le sont en fibre optique. Un chiffre décevant pour Jean-Ludovic Silicani, président de l’Arcep. Doit mieux faire!

Atteindre « 800 000 logements supplémentaires » raccordés à la fibre optique d’ici à la mi-2011. C’est l’objectif que s’est fixé l’Autorité de Régulation des Communications Electroniques et des Postes (Arcep). Soit plus d’1,6 million de foyers fibrés d’ici un an au total. Un objectif qui s’apparente davantage à un défi lorsque l’on sait que les abonnés Internet en France sont 20,06 millions en haut et très haut débit (chiffres de l’Arcep au 1er trimestre 2010), dont moins de 80 000 abonnés FTTH (la fibre à domicile).

Le 9 juin 2010, Jean-Ludovic Silicani, président de l’Arcep présentait le rapport d’activité 2009 de l’autorité et se déclarait «surpris et déçu […] par ce décalage », selon les propos recueillis par Les Echos. « Il existe un décalage très fort entre le nombre de foyers raccordés, environ 800.000, et le nombre d’abonnés », poursuivait-il. « En France, le faible prix des offres ADSL et leur grande qualité satisfont peut-être les consommateurs aujourd’hui», avançait-il en guise d’explication.

Préparé par l’Arcep, le cadre réglementaire (juridiquement contesté par Bouygues Télécom) visant à établir «un équilibre entre une concurrence raisonnable par les infrastructures et un niveau, lui aussi raisonnable, de co-investissement ou de mutualisation [pour les opérateurs] » est prêt. Reste maintenant aux « opérateurs, attentistes en 2009, [à] mettre en avant leurs offres commerciales », estime Jean-Ludovic Silicani, afin d’équiper l’ensemble des 5,5 millions de foyers concernés des zones denses concernés par la 1ère vague de déploiement de la fibre optique (un peu moins de 20% de la population). Signe encourageant, note le président, «les co-investissements lancés dans 80 communes par les opérateurs ».

Ciblé par le plan national « très haut débit » annoncé en janvier 2010, le raccordement à la fibre optique en France fait aussi partie des « investissements d’avenir» du président de la République (via le grand emprunt). Dans ce cadre, les propositions doivent aller vite, « une deuxième décision qui concernera spécifiquement les zones moins denses, soit 80% des foyers et des entreprises en France », sera présenté d’ici à quelques jours a affirmé Jean-Ludovic Silicani.

Bien sûr, l’Arcep est consciente que la fibre optique ne sera pas disponible pour tous et tout de suite. « L’extension de la couverture des réseaux FTTH s’étalera sur de nombreuses années », a reconnu le président. L’Autorité envisage donc des « solutions alternatives » pour les zones privées de fibre optique, comme « la montée en débit ».

Pour que cette « solution alternative » soit viable, l’Arcep remettra « au cours de l’été un rapport au Parlement sur l’état des technologies fixes et mobiles, y compris satellitaires, [qui permettront d’augmenter le débit disponible en communications électroniques et les services associés».