La fin programmée d’IBM OS/2

La vente (!) et le support du mythique système d’exploitation de Big Blue s’arrêtera le 23 décembre prochain

L’information ne chagrinera pas grand monde. Sauf les passionnés et les ardents utilisateurs d’OS/2, le système d’exploitation développé par IBM et Microsoft au début des années 80. Et ils sont encore nombreux!

Mais il faudra s’y faire: IBM a officiellement annoncé qu’il stoppera la vente et le support de ce produit à partir du 23 décembre prochain. Une assistance payante sera encore possible après cette date. IBM conseille désormais à ses clients de choisir Linux comme système d’exploitation. De toutes façons, il devenait clair qu’OS/2 allait un jour disparaître. Avec aucune mise à jour majeure depuis 9 ans, IBM avait prévenu en 2000 qu’il mettrait un terme à ce produit en 2006. Ces anciens OS encore en activité sont condamnés à court terme, soit par leur obsolescence, soit surtout par l’obsolescence de leurs environnements matériels et applicatifs. La communauté OS/2 a bien tenté de faire plier IBM. Une pétition ayant recueillie 8.000 signatures demandait même à Big Blue d’ouvrir le code source du système pour lui permettre de commencer une nouvelle vie (voir le site OS/2 World ). Las, IBM explique que cela est impossible car OS/2 a été développé avec un tiers, en l’occurrence Microsoft. Le constructeur explique qu’il y a des « questions légales et techniques significatives » qui s’opposent à cette ouverture. On comprend que Microsoft soit très attentif à qu’un OS/2 open source ne vienne pas marcher sur ses plates-bandes. Il faut aussi se rappeler que Microsoft a été dès le début le fossoyeur d’OS/2. IBM et l’éditeur avait surpris leur monde en 1987 avec l’annonce de cet OS développé conjointement. Pour IBM, le produit devait révolutionner le marché. Sauf que très vite, Microsoft choisissait de se concentrer seulement sur Windows. Le retrait de l’éditeur et le succès planétaire de Windows auront très vite signé l’arrêt de mort d’OS/2. Dommage car cet OS avait s’était illustré par une très grande robustesse. OS/2: histoire d’un échec

En ce temps là, on ne parlait même pas de système d’exploitation et un ordinateur se pilotait à l’aide de lignes de codes. Quand Microsoft commence à travailler avec IBM autour de ce projet, au début des années 80, ce n’est qu’une petite start-up dirigée par des petits génies sans le sou. Au départ, OS/2 devait être porté sur toutes les architectures IBM monoposte y compris les stations de travail. Microsoft, qui avait en charge une partie de son développement y gagna une solide expérience – payée par IBM – de portage entre machines big-endian et little-endian, expérience qui lui servira dès la rupture avec IBM pour réaliser Windows NT. Robuste, OS/2 avait oublié d’être ergonomique. Peu de soin avait été apporté aux polices de caractères, dans lesquelles pourtant IBM avait une excellente expérience. Les polices de l’interface graphique étaient très loin d’avoir la qualité typographique, donnant à OS/2 une allure de système amateur par rapport à un Windows 3.0 à la présentation impeccable. L’interface OS/2 fut discréditée comme « trop compliquée » par rapport à celle de Windows 3.1. En fait, cette interface ressemblait beaucoup à celle de Windows 95 – et pour cause puisque là aussi c’était Microsoft qui avait conçu en grande partie cette interface, mais Microsoft la gardait sous le coude… Sans pitié, Microsoft annonça Windows 95 dans les semaines mêmes qui suivirent la disponibilité d’une couche d’émulation parfaite de Windows 3.1 dans OS/2 2.0. Là encore, l’émulation OS/2 faisait certes de lui, conformément à la promesse d’IBM, un meilleur Windows que Windows (notamment par l’usage du mode protégé)… mais il était trop tard! Windows 95 commençait à se vendre massivement. IBM était une fois de plus marginalisé, et l’interface Windows 95 encensée là où celle d’OS/2 avait été décriée. Déjà Microsoft démontra tous ses talents marketing! Pour enfoncer le clou La firme eut la bonne idée d’annoncer que pour Windows 95, trois touches de clavier supplémentaires seraient nécessaires. Une information totalement fausse mais qui permis aux claviers à 105 ou 104 touches de fleurir. Les trois touches supplémentaires n’avaient pas d’usage en OS/2, le faisant apparaître comme un OS déjà dépassé. De surcroît deux de ces touches avaient le logo Windows à l’image des touches « pomme » d’Apple. Bill Gates marquait ainsi son territoire en rappelant de façon persistante que le PC était une machine à faire tourner Windows avant toute autre chose. Enfin, IBM fit une dernière erreur, marketing celle-là. Big Blue eu la riche idée de vendre OS/2 4 fois le prix du DOS (le système précédent à lignes de codes). Le saut était trop grand pour être accepté par une clientèle de particuliers, et IBM se marginalisa encore un peu plus tandis que Windows (qui facturait son produit séparément du DOS) annonçait un coût qui était moins de la moitié celui de son concurrent.

Avec Wikipédia