La fracture numérique subsiste en Europe

Bien que les technologies de l’information et de la communication (TIC) progressent petit à petit en Europe, le fossé entre les « ayant et les n’ayant pas » subsiste. Cette fracture que l’on dit numérique a selon une étude du cabinet Eurostat plusieurs origines

On parle souvent de la fracture nord-sud. Mais en Europe, l’accès aux TIC montre aussi de grandes disparités. Dans son numéro de « Statistiques en Bref » daté du 12 octobre 2005, Eurostat revient sur l’accès aux TIC en Europe. Résultat des courses, la fracture numérique est encore présente dans l’Union européenne et a plusieurs origines. Selon l’enquête communautaire les raisons sont multiples : -Le manque d’infrastructure ou d’accès -L’absence d’incitations à l’utilisation des TIC -L’insuffisance des connaissances et compétences informatiques requises pour participer à la société de l’information Points Clés En 2004, la proportion des ménages de l’UE possédant un ordinateur à domicile s’établissait en moyenne à 54% (tableau 1) et celle des ménages ayant une connexion résidentielle au réseau Internet à 43%; un tiers environ de ces derniers, soit 15% de l’ensemble des ménages, disposait d’une connexion à large bande. De manière prévisible, la présence d’enfants dans le ménage a un impact majeur sur l’utilisation des TIC: on recense, en effet, un ordinateur personnel dans 70% de l’ensemble des ménages ayant des enfants, mais dans 46% seulement de l’ensemble de ceux qui n’en ont pas. Des écarts de même ampleur sont relevés en ce qui concerne le taux de connexion au réseau Internet ou le taux de connexion à haut débit. 55% des citoyens âgés de 16 à 74 ans utilisent un ordinateur, 47% environ consultent Internet et seulement 17% d’entre eux achètent des biens ou des services en ligne. L’analyse révèle néanmoins d’importantes fractures entre les différents sous-groupes de la société. Le fossé entre les hommes et les femmes semble peu significatif. Leurs taux respectifs d’utilisation de l’ordinateur et d’Internet sont même pratiquement identiques en Irlande, en Finlande et dans les pays baltes. L’âge joue un rôle déterminant, puisque 75% des personnes de moins de 24 ans utilisent Internet contre 11% seulement des personnes âgées de 64 à 74 ans. L’usage de l’ordinateur et d’Internet est respectivement 2,5 et 3 fois plus répandu parmi les personnes de l’UE ayant suivi des études supérieures, que parmi les citoyens ayant un faible niveau d’études. À l’intérieur de chacun des niveaux d’éducation, les taux d’utilisation sont du même ordre pour les hommes et pour les femmes; il convient néanmoins de souligner que les hommes peu instruits utilisent beaucoup plus systématiquement l’ordinateur, Internet et le commerce électronique que leurs homologues féminins. Ce sont les pays nordiques qui affichent les taux d’utilisation de l’ordinateur et d’Internet les plus élevés ?plus de 80% en Suède et en Islande? et ce sont les pays candidats (Bulgarie, Roumanie et Turquie) qui accusent les chiffres les plus bas. En ce qui concerne l’UE, un seul État membre, en l’occurrence la Grèce, signale un taux d’utilisation d’Internet inférieur à 25%. La proportion est d’une personne sur trois environ dans la plupart des nouveaux États membres, mais elle se situe autour des 50% en Slovaquie et en Estonie. Un citoyen de l’UE sur six environ effectue des achats en ligne, mais la participation au commerce électronique est particulièrement forte au Luxembourg (32%), en Suède (30%), en Allemagne (29%) et au Royaume-Uni (28%). Le recours à cette forme de commerce ne dépasse 7% dans aucun des nouveaux États membres, tout comme en Espagne, au Portugal et en Grèce. Lien : pour consulter l’étude dans son ensemble en PDF Le cas de la Grèce

La Grèce est en retard en matière de nouvelles technologies. Et la décision de l’opérateur grec semi-public OTE de fortement augmenter le coût d’accès à l’Internet, a provoqué jeudi un tollé des unions d’usagers et de l’opposition. L’OTE a annoncé des augmentations à partir du 6 décembre allant de 75% à plus de 240% des coûts de connexions, selon les tranches horaires. Ces augmentations ont été acceptées par l’autorité de régulation des marchés des télécommunications et des postes (EETT). La Grèce est à la fois le pays de l’Union européenne où le coût d’installation de l’internet haut débit par ADSL est le plus élevé et où le taux de pénétration est le plus bas. Conséquence, les associations d’internautes ont interpellé le gouvernement conservateur, exigeant que l’OTE revienne sur sa décision. Elles ont rappelé que le Premier ministre Costas Caramanlis s’était engagé à plusieurs reprises en faveur d’une pénétration rapide de l’internet dans les foyers grecs, principalement auprès des jeunes. L’Union des usagers grecs de l’internet (EEXI), la plus ancienne des associations d’internautes, a noirci la page d’accueil de son site « en mémoire à l’Internet grec et au simple usager grec ». « Le marché doit s’ouvrir et non se fermer », a souligné son président, Nicos Vassilakos. L’Union des consommateurs pour la qualité de la vie (EKPOIZO) considère de son côté ces augmentations « illégales, déloyales, et abusives », et a engagé un recours contre l’OTE. Plusieurs députés de la droite au pouvoir ont également joint leurs voix à l’opposition de gauche pour s’élever contre la décision de l’OTE. « Tollé.gr – L’OTE enterre Internet », a titré jeudi en Une Ta Nea (centre gauche), le plus important tirage de la presse grecque. Dans son éditorial, le journal estime qu' »il ne reste plus qu’une seule solution à M. Caramanlis : annuler les augmentations« .