La Loppsi 2 renoue avec l’espionnage électronique

Présentée en Conseil de ministres mercredi, la loi Loppsi 2, qui vise à lutter contre la pédo-pornographie, possède des contours rappelant l’espionnage et les écoutes sur Internet.

La ministre de l’Intérieur, Michèle Alliot-Marie doit présenter demain, mercredi 27 mai, la loi dite Loppsi 2 (loi d’orientation pour la programmation et la performance de la sécurité intérieure) à l’ensemble du gouvernement, réuni en Conseil de ministres.

La loi devrait instaurer de nouvelles mesures pour les fournisseurs d’accès (FAI) et opérateurs dès son adoption. Une obligation de filtrage des contenus jugés pédo-pornographiques devrait être entreprise. « Un dispositif d’exception pour un sujet d’exception » précisait voilà quelques jours Isabelle Falque-Pierrotin, présidente du Conseil d’administration et vice-présidente de la CNIL. « Le FDI poursuit une position adoptée par les politiques, celui d’établir un filtrage à l’accès des contenus, une volonté de Nicolas Sarkozy« , poursuivait-elle .

Néanmoins, la police, sur simple autorisation du juge des libertés, pourrait mettre sur « écoute » des ordinateurs dans le cadre d’affaires de pédophilie, mais aussi de meurtre, de trafic d’armes et de stupéfiants, de blanchiment d’argent. Des mesures prises, bien entendu, sans le consentement des propriétaires des PC en question…

Ainsi le risque est de voir la mise en place de logiciels mouchards (spywares) voire l ‘installation de chevaux de Troie directement dans une machine suspectée. Une interception des données qui se doit d’être strictement encadrée et qui démontre combien le gouvernement, après la polémique Edvige, tient à contrôler certaines pratiques sur le Web.

Des Etats ont déjà adopté de telles mesures de contrôle des contenus pédo-pornographiques. Notamment au Royaume-Uni avec des conséquences parfois inattendues. Depuis la date du 5 décembre, les instances britanniques chargées du Web filtrent le Net outre-Manche. Une mesure qui a connu une exposition médiatique lorsque l’une des pages de l’encyclopédie en ligne Wikipedia a été ajoutée à la liste noire de l’Internet Watch Foundation (IWF). L’organisme a considéré que la pochette de l’album Virgin Killer des Scorpions où on peut voir une fillette nue relevait potentiellement de la pornographie enfantine…

Toujours est-il que 01net explique que la Loppsi 2 pourrait être présentée en Conseil des ministres en vue d’une prochaine adoption. Un débat des plus houleux pourrait bien alors voir le jour puisque comme le précise Lemonde.fr, la loi prévoit également la création d’un fichier informatique appelé Périclès.

Ce système « d’analyse sérielle » permettra d’effectuer des r approchements entre les différents fichiers judiciaires (Stic ou Judex) et de croiser tous les renseignements disponibles pour lutter au mieux contre tous les types de délinquance, notamment la pédo-pornographie…

Le ministère de l’Intérieur précise bien qu’il s’agit là que la lutte contre la pédo-pornographie sur Internet implique des moyens d’exception. En principe…