La nomination d' Eric Besson divise les associations

L’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre s’interroge sur les positions du nouveau secrétaire d’Etat pour l’économie numérique…

L’April déplore la réduction des problématiques du numérique aux seuls aspects économiques, et s’inquiète de cette nomination au regard des positions récentes d’Éric Besson sur ces sujets.

Dans un communiqué elle précise que selon elle « la révolution numérique ne concerne en effet pas seulement les entreprises, mais également la société dans son ensemble. « 

L’association estime que suite à cette nomination, le Premier ministre doit suspendre les travaux sur l’avant-projet de loi Olivennes afin que le secrétaire d’État puisse mener sa mission de prospective.

L’État doit également considérer les bénéfices des technologies numériques pour les citoyens, notamment en termes de disponibilité, d’échange et de partage des savoirs pour tous et par les citoyens eux-mêmes.

S’inspirer du modèle américain : une mauvaise idée

Ce qui inquiète tout particulièrement l’April ce sont les positions exprimées par Éric Besson à l’automne 2007. Ce dernier avait à l’époque déclaré vouloir s’inspirer du modèle américain et son attitude très offensive. Son ambition : « renforcer énergiquement la protection de notre propriété intellectuelle, qui demeure aujourd’hui trop timorée ».

Un modèle qui selon l’April n’a rien de vertueux, l’association estime que ce dernier « a conduit à l’adoption par de nombreux pays de lois qui se révèlent étouffantes pour les libertés et le développement économique et social. »

Le secrétaire d’État, alors député socialiste, l’avait lui-même implicitement admis en cosignant en 2003 une proposition de loi visant à interdire les DRM empêchant la copie privée tandis que la majorité UMP souhaitait voir adopter des mesures allant dans le sens contraire, en provenance directe de la Maison Blanche.

« La riposte graduée, les brevets logiciels et les atteintes à la neutralité de l’Internet ne sont pas des perspectives d’avenir, d’innovation, ni de progrès économique et social. L’histoire démontre que le modèle américain sert principalement les industries américaines, et en aucun cas l’économie française et européenne dans son ensemble. C’est d’ailleurs bien pourquoi elles font pression au niveau international, européen et national pour le voir reproduit. Céder à ces pressions serait une trahison des intérêts français et européens » a déclaré Frédéric Couchet, délégué général de l’April.

Différent son de cloche chez l’Afdel, le Geste et Renaissance Numérique Du côté des réactions, la très officielle Afdel, qui regroupe la plupart des grands éditeurs de logiciels, se « réjouit »de cette nomination.« L’entrée du développement de l’économie numérique aux côtés des autres missions du secrétaire d’Etat chargé de la Prospective et de l’Evaluation des Politiques publiques, Eric Besson, répond aux attentes des acteurs de l’écosystème numérique. Ceux-ci dressaient le constat d’un manque de coordination et de vision des politiques publiques en la matière. Plus que le respect d’un engagement pris pendant la campagne présidentielle, cette nomination traduit la prise de conscience politique que l’économie numérique est aujourd’hui le principal levier de la croissance et le fer de lance de l’innovation industrielle en France. », commente Loïc Rivière, Délégué général de l’Association Française des Editeurs de Logiciels. « La future politique de développement de l’économie numérique devra donc remédier à l’éparpillement des organes de décisions et des dispositifs pour amorcer une dynamique susceptible de repositionner la France dans le peloton de tête des économies numériques européennes. La nomination d’un responsable ministériel en constituait un préalable. Le chantier est ouvert ! » a-t-il conclu.

Même tonalité de la part du Geste, le groupement des éditeurs de services en ligne qui souligne néanmoins que cette nomination« devra s’accompagner de l’attribution de moyens nécessaires ».

L’Association Renaissance Numérique évoque« une avancée positive mais encore insuffisante ».« Renaissance Numérique propose pour sa part une quinzaine d’actions pragmatiques et concrètes dont certaines ont déjà été mises en œuvre et se donne pour objectif de pouvoir collaborer efficacement avec le nouveau secrétaire d’Etat pour contribuer à faire entrer la France de plain-pied dans l’ère du numérique pour tous ».