La SNCF aligne des millions sur l'e-portail des TGV en Wi-Fi

Ce 6 décembre, la Sncf a annoncé l’ouverture ‘pilote’ de son portail de services et d’accès Internet sur ses trains . La phase de test devrait durer trois mois

Si Mireille Faugère directrice voyages France Europe, évoque volontiers une « première mondiale« , pour la Sncf, il s’agit surtout d’une réussite technique. Loin d’être anecdotique, la mise en place d’un portail Internet sur une ligne de train à grande vitesse, en l’occurrence, la ligne TGV Est, capable d’atteindre 320 km/h, relève de la prouesse technologique. La mise en place de ce service répond avant tout à un besoin.

« 58% des Français disposent d’une connexion Internet personnelle. Plus de 94% d’entre eux ont accès à une connexion haut débit. Le quart des utilisateurs connectés à haut débit le font à partir du WiFi« , explique Mireille Faugère. En clair, l e défi consistait à permettre aux voyageurs de rester connectés en s’affranchissant des contraintes techniques.

Le portail proposé est clairement orienté multimédia: jeux, divertissements, vidéos, films, adresses touristiques ou encore informations sur le trafic…. Le tout agrémenté de mise à jour régulière. « Le fil d’information AFP est réactualisé tous les quarts d’heure et la météo deux fois par jour« , précise le représentant de Capgemini.

Le volet technique a nécessité un investissement financier de taille. Chacune des trois rames équipées pour la période de test a exigé un investissement de 250.000 euros. La flotte de ligne TGV Est, appelée à être équipée dans sa totalité, en compte 52 au total. Environ 20 millions d’euros ont été investis dans ce programme. Coût total auquel il convient d’ajouter la très onéreuse connexion satellitaire. Autant dire qu’avec de telles sommes, la marge d’erreur est plus que réduite.

La SCNF s’est assurée le concours de partenaires de poids. Le géant français Alstom, un vieux compagnon de route, la SSII Capgemini, Orange ainsi que la société Eutelsat, pour la connexion satellitaire. Le portail Internet n’est autre que la mise en commun de tous ces savoir-faire.

La création du portail a exigé des choix techniques. « Il y a 4 ans, nous avions effectué des essais sur la ligne Paris-Tarbes. La connexion via GPRS (une norme dérivée du GSM) n’a pas été concluante. Nous avons donc fait le choix d’une connexion alliant WiFi et satellite » explique Mireille Faugère.

La connexion choisie répond à plusieurs critères. Capable de supporter jusqu’à 50 connexions simultanées, l’accès Internet ne doit théoriquement connaître aucune perte. « Les zones d’ombres sont anticipées par géolocalisation. En cas d’absence de connexion, le satellite prend le relais« , indique un représentant d’Alstom.

Pour parer toute éventualité de panne, Alstom a opté pour l’installation d’un système embarqué redondé. La structure modulaire de l’ensemble permet le remplacement du ou des éléments défaillants sans aucune gêne pour la navigation Internet.

Le matériel installé a nécessité une mise aux normes ferroviaires. Serveurs, antennes, CPU et autres devaient être adaptés et capables de résister aux secousses imposées par le trajet. « Par exemple, pour les CPU, nous avons choisi des pièces cadencées à 650 Mghz. Les CPU grand public chauffent trop« , explique-t-on chez Capgemini.

Pourtant quelques inconnues demeurent. Tous les PDA, « mis à part l’iPhone d’Apple », ne bénéficient pas d’une qualité de navigation ni d’un affichage optimal. Le modèle économique n’est, pour le moment, pas clairement établi, mais la gratuité n’est pas prévue… La Sncf évoque un tarif de 3 euros par connexion. Enfin, le système ne tolère pas encore la VoIP (ou SKype…).