La stratégie ‘entreprise adaptive’ d’HP: le ‘tout Itanium’ ?

Ce lundi 9 février, HP doit présenter son architecture « Adaptive », fondée sur le processeur 64 bits Itanium d’Intel. Standardisation, réduction des coûts, réutilisation des composants, virtualisation, impression: cette stratégie préfigure-t-elle l’informatique de demain ?

L’informatique aurait pu se résumer à la confrontation de deux mondes : celui des gros systèmes serveurs d’un côté, dominé par des OS propriétaires (surtout MVS d’IBM) et les Unix; et de l’autre, la masse des postes de travail (‘desktops’ ou portables), largement dominés par Microsoft Windows.

Mais l’arrivée d’Internet et de Linux a changé la donne. De nouvelles perspectives ont surgi, à la fois de partage de données ou de services, de communications hétérogènes, mais aussi d’uniformisation des environnements et de réduction des coûts. Mais lorsque l’on est un acteur majeur de l’informatique, cherchant à couvrir toute la palette des services, comment maintenir l’existant? Comment conserver ses clients et sa marge? Comment répondre positivement aux attentes du marché ? C’est tout cela que semble viser HP avec sa nouvelle architecture entreprise adaptive: elle devrait guider les prochaines années du prolixe constructeur. Mais à la différence d’un IBM qui semble vouloir tout miser sur Linux, Hewlett Packard adopte une stratégie plus technologique qu’environnementale. Réduire les coûts et simplifier les échanges La réduction des coûts est dans l’air du temps -conséquence de l’explosion de la bulle spéculative. Trois années de disette, de limitation des budgets et de restriction de projets ont laissé des traces. D’autant que l’émergence de Linux a créé une illusion, avec celle de l’Open source: le mirage de sa gratuité. Et lorsqu’Internet s’en mêle, c’est la simplicité des échanges qui prend le relais et donne des envies. Une architecture qui répond aux standards de l’industrie Il faut gérer l’intégration des processus, le traitement de l’information, et conduire la réduction des coûts par l’intégration d’un environnement « data » unique: IP. Pour HP le message est clair et porte un nom: Intel Itanium. Cet engagement pro-Intel signe, implicitement, la mort annoncée des architectures Alpha, héritées de feu Digital. Ici aussi la cible de HP est claire : assurer la migration des AlphaServer, avec le support d’OpenVMS, vers les serveurs Integrity. Mais surtout s’attaquer au marché de Sun Microsystems en proposant la migration de Solaris vers les serveurs HP Proliant et Integrity. Cette volonté d’attaquer Sun se traduit d’ailleurs par un programme de séduction doté d’un budget de 300 millions de dollars. Rationaliser, consolider les applications et les services, bien entendu, mais encore faut-il pouvoir réunir des environnements aussi hétérogènes que Unix, Linux, Windows et Web, J2EE ou .NET, les SQL d’Oracle ou de SQL Server, les télécoms convergentes (voix/données) aux normes SIP ou SS7? Pour y parvenir, HP entend séparer les applications des couches de processus professionnels, en adoptant les fondations d’une couche de monitoring destinée à synchroniser business et IP, à automatiser et à ‘virtualiser‘. Sans oublier l’impression, premier constructeur mondial d’imprimante oblige, pour développer des services d’impression associant couleur et qualité au standard CMYK Plus. Des composants réutilisables et de l’implémentation consistante HP veut casser les structures monolithiques ! Et alors l’expression ‘réutilisable’ devient le maître mot d’une stratégie essentielle. La démarche marketing se veut simple : changer, c’est ouvrir une porte à la concurrence; réutiliser, c’est partir d’une plate-forme acquise et la faire évoluer. Dans le discours d’HP, nous relevons une autre expression, ‘agile’ (ça ne vous rappelle rien ?). Cette agilité se traduit par la réutilisation des ressources en cas de changement, ce qui devrait aussi permettre de réduire les risques et de transformer les coûts en outils. La flexibilité, en somme! Techniquement, cette approche signifie la réunion de l’existant autour d’une architecture maison, HP Client Manager Software. Mais aussi, plus original, StorageWorks Enterprise Vitual Array s’accompagne d’un mode de règlement modulaire. Ainsi l’utilisateur peut adopter, au choix, des serveurs ‘lames’ (blade servers), des systèmes de partition ou de stockage modulaires pour SAN ou NAS, et choisir un modèle économique en ‘pay per use‘. Sans oublier évidemment le Grid, l’intégration des services Web, le management incrémental modulaire et les architectures d’application orientées services. Tout un programme ! Mais tout cela passe aussi par l’utilisateur. La qualification et la formation augmentent la productivité, ce qui devient évident lorsque l’on maintient les systèmes ou que l’on harmonise les environnements (réutilisables !). C’est ce que HP appelle l’implémentation consistante. La formation s’en trouve simplifiée, ainsi que les délais de changement d’outils ou de technologies, à l’image des programmes de migration de l’ERP MySAP ou de mise à jour de Windows Server 2003. Revue de rigueur pour la gamme des serveurs Ce que les médias retiendront sans doute de l’annonce de Hewlett Packard, ce sera l’axe principal sur les serveurs: il confirme une stratégie construite autour du processeur 64 bits d’Intel. Ce choix devrait provoquer à moyen terme la disparition des séries NonStop Mips, PA Risc et Alpha. Le standard devient alors: -HP NonStop Itanium, en calculateur / serveur grand système -HP Integrity Itanium, en milieu de gamme, Intel -HP Proliant sur architecture Intel x86, en entrée de gamme. Enfin, HP confirme l’arrivée des processeurs AMD sur les produits grand public (« consumer market »): les processeurs Athlon et Opteron sont considérés comme des outils de maintien des applications 32 bits « agrémentés » d’une sauce 64 bits.