La TVHD à la croisée des chemins, entre Europe et Asie

La télévision à haute définition (TVHD) est une réalité en Asie. L’Europe devrait s’y mettre cette année. En France, l’arrivée de la TNT payante en Mpeg4 devrait faciliter son essor

Au Japon, les grands ‘networks’ ont déjà adopté ce format. C’est le cas notamment de la chaîne NHK, laquelle accueille déjà 90% de ses programmes en haute définition. En 2003, la TVHD concernait déjà 15% des foyers japonais, soit plus de 3 millions de résidentiels, avec une prévision de 10 millions pour 2006. Les prévisions tablent sur 58% en 2008 et 100 % en 2010.

Du côté européen si le retard est indéniable par rapport aux continents asiatique et nord-américain, 2005 devrait certainement être une année déterminante pour la TVHD. En effet, les conditions nécessaires au développement de ce nouveau standard télévisuel se mettent en place au cours de cette année charnière. Et le téléspectateur européen montre un intérêt croissant pour la qualité. Ceci se remarque selon deux indices: d’une part, on constate en France depuis le début 2004 le rattrapage des ventes d’écrans plats sur les tubes cathodiques. D’autre part, la recherche de la qualité explique certainement le succès connu par la TNT. C’est d’ailleurs pour répondre à ce besoin que les télédiffuseurs européens se précipitent vers la télévision à haute définition afin d’éviter toute diminution significative d’audience et donc des revenus issus de la publicité ou des abonnements. Il faut par ailleurs savoir que les producteurs européens doivent impérativement tourner en HD. Nombre d’entre eux ont déjà commencé à convertir leurs catalogues de films. Il en est de même en matière d’événements sportifs ; ainsi, la coupe du monde de football 2006 qui se jouera en Allemagne sera réalisée sur ce format. Par ailleurs, des diffuseurs européens tels que M6, TF1 et la BBC débutent aussi le tournage d’émissions, de séries et de téléfilms en HD. En France, les séries comme Frank Riva (France 2), Navarro (TF1), des émissions telles que la Nouvelle Star (M6) ou des films comme « L’Auberge Espagnole » de Cédric Klapisch ont directement été tournés en HD. TF1 devrait lancer ce service en septembre, TPS à la fin de l’année, idem pour Canal+. Ceci parce que la haute définition représente un vrai levier de croissance pour les diffuseurs européens. Elle intéresse en premier lieu les opérateurs de télévision à péage qui y voient d’une part, une nouvelle offre haut de gamme justifiant l’abonnement supplémentaire en complément de l’offre existante, et d’autre part un facteur de différenciation pour augmenter la durée d’écoute et leurs parts d’audience. Elle passionne également les chaînes de télévision européennes en clair, publiques et privées, lesquelles annoncent aussi des lancements en 2005. Toutefois, une nouvelle technologie ne supplante jamais, du jour au lendemain, celle qu’elle a précédée. La haute définition ne déroge pas à cette règle : pendant plusieurs années, les télédiffuseurs feront coexister des canaux en définition standard et en haute définition. Car la réception des programmes en haute définition nécessite le renouvellement de deux équipements chez les particuliers : le téléviseur et le décodeur. Or, si les ventes croissantes de téléviseurs à écran plat, de format 16/9, coïncident avec l’arrivée des premières écrans à cristaux liquides ou plasma compatibles HD, l’arrivée des décodeurs TNT en Mpeg4 devrait faciliter a priori l’implantation de cette nouvelle technologie. Même si face à l’offre pléthorique du mode payant (câble, satellite, ADSL), la TNT payante aura du mal à trouver sa place.