L'April: «Les DRM visent à créer de la rareté»

Pour rappeler les problèmes et dangers que posent les verrous numériques, l’April soutient la journée mondiale contre les DRM.

Les offres de musique en ligne au format MP3 ont beau s’être multipliées ces dernières années, notamment sous l’impulsion de Steve Jobs mais aussi de la major EMI, les verrous numériques DRM (digital right management ou mesures techniques de protection) sont loin d’avoir quitté la toile et le monde informatique en général. C’est dans ce cadre que l’April (l’association pour la promotion du logiciel libre) soutient la Journée mondiale contre les DRM, ce mardi 4 mai.

Organisé par la FSF (Free Software Foundation), cette journée anti DRM vise à informer le public et les entreprises, ainsi que les développeurs, des problèmes que posent les verrous numériques. Notamment en regard des systèmes de gestion de contrôle d’usage des fichiers généralement incompatibles avec les logiciels libres.

A commencer par les oeuvres culturelles. Si des solutions de formats sans protection, voire libres, se développent parallèlement aux DRM dans l’offre musicale, les cadenas numériques fleurissent du côté des programmes vidéo (DVD et Blu-ray) et aujourd’hui sur les livres électroniques dont le marché s’étoffe avec les offres d’Amazon (450 000 titres du Kindle Store) et eBookstore d’Apple (et ses 30 000 ouvrages gratuits. Et demain?

« Les DRM (menottes numériques) visent à créer artificiellement de la rareté et à établir un contrôle de l’usage dans le cercle privé, jusqu’ici impossible à mettre en œuvre », résume Jean-Christophe Becquet, vice-président de l’ April. Conséquences potentielles: impossible de faire une copie légitime (à titre privée de sauvegarde notamment ou pour l’utiliser sur plusieurs supports différents sans avoir à transporter l’original) d’une œuvre dument achetée.

De même, les clés numériques n’étant pas proposées à l’univers du logiciel libre (notamment pour refus de dévoiler le code source de l’application de déchiffrement), les utilisateurs de Linux seraient, en théorie, bien embêtés pour lire le contenu d’un DVD protégé si des programmes de déchiffrement ne s’étaient pas multipliés (notamment par Jon Johansen, un jeune développeur norvégien de 16 ans en 2000 qui avait créé le programme DeCSS afin de casser les protections CSS (Content Scrambling System) d’un DVD vidéo qu’il ne parvenait pas à lire sur son système Linux, d’où son surnom de DVDJon.

Il n’en reste pas moins que, selon les pays, certains usages sont interdits. Ainsi, en France, la loi DADVSI de 2006, avait tenté de légaliser l’interdiction de contournement des DRM. Tentative avortée par le Conseil d’Etat qui, sous l’impulsion de l’April, a réaffirmé l’exception de décompilation afin, notamment, d’autoriser l’utilisation des logiciels libres à des fins d’interopérabilité.

Cette journée d’information internationale réunit également des organismes militant pour la liberté comme l’Electronic Frontier Foundation aux Etats-Unis et l’Open Right Group au Royaume-Uni. Laissons le mot de la fin à Richard Stallman, fondateur et président de la FSF (et co-auteur de la licence GPL): « Chaque fois qu’une entreprise conçoit des produits destinés à limiter nos libertés, nous devons nous organiser afin de déjouer ses projets. » Au moins, c’est clair.